Ce journal est empreint du bouillant mélange d’enthousiasme, de créativité et de modestie des bénévoles qui l’ont créé. Il a vocation à parler de vous, de nous, des initiatives, des personnages qui font ce quartier si populaire et vivant qu’est Carnot-Marceau, sans oublier les questions liées à son présent et, peut-être plus encore, à son futur.
Le Collectif Marceau profite du Forum des associations, qui a été organisé un temps dans la caserne pour aborder la question de la vie en association et dresser un rapide portrait du tissu associatif de Carnot-Marceau. On en profite pour revenir sur le fonctionnement démocratique du collectif. Un reportage photo propose aux lecteurs et lectrices d’entrer chez Emmaüs, l’un des phare du quartier.
Page 2, trois annonces : le pique-nique et l’expo organisés dans la caserne entre le 22 et le 24 septembre, les Rencontres d’Architecture en Mouvement du 12 au 14 octobre et le nouveau départ pour la caserne avec des marchés publics déjà lancés par la Ville de Limoges. On revient aussi sur l’histoire du bâtiment situé à l’angle des rues Beyrand et Châteauroux.
Enfin, en dernière page, Sylvie Morliéras, présidente de l’association des Chiens guides d’aveugles du centre-ouest nous présente l’école de chiens guides et nous parle de son attachement au quartier. Merci à Elyo, apprenti-journaliste du Mot passant, qui a rédigé la (B)rêve de quartier.
Imprimé avenue de Turenne par et avec le soutien de Free Press, ce numéro est tiré à 1500 exemplaires pour être distribué sur le marché samedi 2 septembre, dans les commerces et au Forum durant tout le weekend.
Le dossier de ce deuxième numéro est consacré à la diversité comme richesse du quartier à travers la cuisine. Il y est question des échanges, de la qualité des propositions, de métissage, de traditions et d’inventions. Le tout est illustré en dessin.
On fait le point aussi sur la caserne et le futur bus à haut niveau de services en revenant sur nos deux rencontres organisées avec la ville et la métropole de Limoges.
C’est Isabelle Braud, du collectif Art et Quartier qui répond à nos trois questions tandis que Marilou, qui écrit pour le Mot passant, le journal du collège, nous invite à rêver d’un futur plus vert.
Ce n’est pas sans émotion que le Collectif Marceau vous fait part de la sortie du tout premier numéro de son journal du quartier écrit, édité et imprimé pour vous, le Marceau Choisi !
Ce journal, empreint du bouillant mélange d’enthousiasme, de créativité et de modestie des bénévoles qui l’ont créé, a vocation à parler de vous, de nous, des initiatives, des personnages qui font ce quartier si populaire et vivant qu’est Carnot-Marceau, sans oublier les questions liées à son présent et, peut-être plus encore, à son futur.
Nous vous rappelons notre présence ce week-end au Forum des Associations (Parc des Expositions de Limoges). N’hésitez pas à venir nous rencontrer sur notre stand afin d’échanger !
Nous profitons de ce mail pour vous dire que notre exercice septembre 2022/août 2023 est clos. Nous aurons l’occasion d’en reparler lors de notre prochaine assemblée générale qui se tiendra fin novembre prochain. Nous vous en communiquerons le lieu et la date dès que possible. D’ores et déjà, nous tenons à remercier chaleureusement celles et ceux qui nous ont apporté leur soutien en réglant leur cotisation.
Et vous l’avez deviné ! nous ouvrons l’exercice septembre 2023/août 2024 en vous encourageant à régler votre cotisation correspondante. Elle reste toujours fixée à 5 € -ou plus !- et vous pouvez la verser soit directement lors de votre passage sur notre stand du Forum des Associations soit sur la page Adhérer au Collectif Marceau.
Nous vous redisons combien ces cotisations sont essentielles car elles nous apportent les ressources nécessaires pour mener nos différentes actions, par exemple notre nouveau journal Marceau choisi (le n°3 est tout chaud sorti de l’imprimerie et sera distribué demain sur le marché Marceau et sur notre stand du Forum).
Rappelons également qu’être à jour de cotisation ouvre le droit de vote à notre assemblée générale ! Nous comptons sur vous.
Le quartier Carnot Marceau présente une forte mixité sociale et culturelle. Le collectif Marceau qui prend en compte cette réalité dans ses orientations et ses actions organise un atelier en ligne le lundi 16 janvier à 18 h 30.
Comme à chaque fois, un intervenant extérieur est invité à partager son expertise ou son expérience sur le sujet. Il s’agit cette fois d’Antony Drugeon, président de l’association Saint-Denis Confluence basée en Seine-Saint-Denis.
Il nous présentera les projets menés par son association pour faire vivre son quartier et favoriser la participation de chacun et chacune : expos, chantiers participatifs, concours culinaires, journal…
Nous pourrons ensuite lui poser nos questions et partager nos réactions.
Nous avons organisé notre assemblée générale ordinaire jeudi 24 novembre au Théâtre de l’Union à Limoges. Près de quarante membres y ont participé dans une ambiance studieuse, détendue et a
Nous avons présenté notre rapport d’activité annuel ainsi que nos projets en cours et ceux prêts à être lancés.
L’assemblée générale est intervenue opportunément quelques jours après la publication par la ville de la nouvelle version du projet, Marceau repensé. Un temps a été spécialement consacré à ce sujet et aux nombreuses interrogations de nos membres. La question du parcours du BHNS est évidemment revenue elle aussi dans les discussions.
Nous voilà à un tournant. Après avoir montré compétences et ténacité, fait valoir esprit de responsabilité et d’indépendance, l’occasion se présente de penser encore mieux nos actions, de nous renforcer par l’apport de nouvelles compétences, de trouver des ressources qui manquent à nos nombreux projets.
Nous remercions chaleureusement l’équipe le théâtre et son équipe qui nous a accueilli.
Nous vous livrons nos premières réflexions, sous réserve de précisions attendues, sur ce qui est désormais une ébauche de projet arbitré par le maire.
Des évolutions qui concordent avec les approches du Collectif
Plusieurs éléments présentés vont dans notre direction :
L’ambition d’en faire un lieu de vie (nous entendons par là ce qui est affirmé en matière d’espace public généreux avec une dimension d’activité, donc d’emplois)
L’installation du marché dans l’enceinte (reste toutefois pour l’heure au conditionnel)
Un axe environnemental fort avec des espaces verts agrandis, un traitement du sol et des constructions répondant à des exigences environnementales maximum
Un programme de logements recalibré à 150 à 200 logements, contre initialement 300 à 350 envisagés
Une redynamisation du quartier et pas seulement de la caserne (valorisation du grand quartier Carnot Marceau, dommage que le plan n’expose pas le devenir de la place Marceau historiquement rattaché à la caserne comme place d’armes,)
Des interrogations
Le nouveau plan proposé intègre ces évolutions et fait légitimement naître de nouvelles questions :
Quid de la rue traversant l’espace, de son accès aux différentes mobilités, des différentes ouvertures du mur d’enceinte et du lien avec Carnot ? Plus généralement qu’en est-il de l’approche circulation /stationnement dans et autour de la caserne. Les compétences partagées avec Limoges Métropole devraient nous éclairer sur ces sujets.
Quelle affectation envisagée pour les bâtiments de l’ancienne caserne, comme les pavillons d’entrée, ou de l’Horloge ?
Les écuries : leur réhabilitation a pris des formes très différentes selon les villes disposant du même équipement (cf les casernes Beaumont à Tours). À Limoges, l’affectation aux deux types de logement (collectif, maisons de ville) semble possiblement ouverte entre les quatre zones figurant sur le plan. Avant l’irréversible, dans l’esprit de Marceau repensé, ne conviendrait-il de reprendre la question : préservation des écuries, en gagnant des logements nouveaux, soit intra-caserne, soit notamment par la rénovation du petit collectif ancien du quartier, fortement dégradé ?
la dimension culturelle, au sens large du terme, n’a toujours pas trouvé sa place. Elle joue pourtant un rôle essentiel dans l’attractivité d’un espace qui se nourrit aussi de la présence d’équipements de restauration et de loisirs.
Aux élus et aux ingénieurs, nous souhaitons un beau travail pour faire émerger cet espace public généreux.
Le Collectif Marceau est bien sur les rails. Démonstration est faite que nous pouvons être entendus. Nul besoin de tirer la couverture à nous. Nous savons les orientations que vous avez inspirées.
Nous reviendrons vers vous après avoir reçu des réponses aux questions que pose Marceau repensé. Enfin, vous avez été régulièrement consultés, et le serez encore. N’hésitez donc pas à partager vos impressions et interrogations.
Dans les prochaines semaines, le Collectif Marceau tiendra son assemblée générale. L’occasion de penser encore mieux nos actions, de nous renforcer par l’apport de nouvelles compétences, de trouver des ressources qui manquent cruellement à nos nombreux projets.
Le Collectif Marceau participe ce weekend au Forum des associations organisé par la ville de Limoges au parc des expositions.
Venez nous voir et surtout nous parler, dans l’espace Vie des quartiers du Grand palais où notre stand côtoiera celui du Bâtiment 25, le futur tiers-lieu de la caserne.
Nous nous relaierons pour vous accueillir samedi 3 et dimanche 4 septembre de 10 heures à 18 heures et vous présenter nos activités et nos projets en cours : Le MarceauTour, les ateliers, nos propositions…
Une vingtaine de personnes ont participé à la visite commentée du quartier Carnot-Marceau organisée par le collectif vendredi 6 mai 2022.
Le MarceauTour en vidéo
Rendez-vous à 10 h 45 devant la caserne. Nous nous sommes lancés pour deux heures et demie de promenade, ponctuée d’interventions de « spécialistes » autour des points significatifs du quartier.
Place Marceau, Stéphane, membre du Bâtiment 25, nous présente le projet de tiers-lieu. Les travaux débutent, le tiers-lieu est attendu pour le début d’année 2023. Nicolas Simonnet, ancien conservateur des monuments historiques, enrichit sa description du lieu par des réflexions sur l’urbanisme de la place Marceau et de la caserne.
La balade se poursuit rue Hoche devant la Maison de la musique, siège et lieu de répétition des Gueules Sèches qui fêtent leurs 100 ans. Bon anniversaire !
Rue Armand Barbès, premier arrêt à l’angle du manège Montrouge : c’est l’ancien manège de cavalerie intelligemment réhabilité en logements sociaux. Second arrêt devant l’école : nous avons échangé sur la question de la mixité dans le quartier.
De l’autre côté de l’avenue, l’expérimentation du passage en sens unique de la rue de Versailles est en cours : elle pacifie la circulation dans les rues du triangle Leclerc-Versailles-Thuillat, dans la dynamique de la zone 30.
En descendant la rue Émile Labussière, arrêt devant quelques bâtiments emblématiques qui relatent l’histoire industrielle et économique de la ville et qui mériteraient d’être valorisés. En bas, devant les halles, Madame Faure nous raconte quelques souvenirs de la place Carnot au XXe siècle.
Le MarceauTour au musée des Distilleries limougeaudes.
La balade s’est terminée avec Marie par la visite du musée des Distilleries limougeaudes, situé dans des locaux annexes de la Distillerie du centre qui nous a offert une dégustation de sa Gauloise. Merci à la Vinothèque !
Riche en échanges et propositions, le MarceauTour est une nouvelle occasion conviviale de se rencontrer, ou de se retrouver, de présenter nos propositions et de faire émerger des idées nouvelles des habitants et habitantes.
Le mardi 8 mars, 23 adhérents du Collectif Marceau qui le souhaitaient se sont retrouvés à l’hôtel Le Marceau pour rencontrer Olivier Chadoin, professeur en sociologie des architectes, maître de conférence à l’ENSAP de Bordeaux. Nous l’avons écouté présenter les enjeux et les problématiques que l’on rencontre lorsqu’une ville réaménage un site en friche, cas fréquent depuis 2009.
Cette rencontre s’est révélée très intéressante et a donné lieu à un échange entre les habitants de notre quartier et Olivier Chadoin.
Ce qu’on a appris : faisons le point !
En France, comme ailleurs, les 600 sites et 6000 hectares de friche proviennent de la démilitarisation et de la désindustrialisation. En Europe, un des premiers exemples de site réaménagé réussi est celui de Bilbao : basé sur un bâtiment signe et de la culture : le Musée Guggenheim. D’autres sites sont exemples de réussite : Grenoble et sa caserne de Bonne, les Haras de Strasbourg… Citons enfin les quatre piliers de l’urbanisme actuel : une ville Verte, Mobile, Sûre, Participative !
Centre commercial de la caserne de Bonne à Grenoble. Milky, Public domain, via Wikimedia Commons
Plusieurs questions se posent dès le départ car plus le lieu est grand , plus d’envies sont fantasmés par les habitants alors qu’il faut réfléchir à une cohérence d’ensemble.
La croissance : le lieu est-il déjà attractif ? Ou doit-on le rendre attractif ?
Est-ce qu’il y a un projet long ? ( ex de Grenoble : 15 ans)
De quelle surface dispose-t-on ? Le lieu est-il une enclave ? Est-il dans un projet de quartier ? En lien avec un projet de ville ? Comment s’articulent les deux ?
A Marceau, le projet d’accueillir 270 foyers semble énorme et va beaucoup changer le quartier. L’articulation projet de quartier/ de ville n’est pas évident… L’attractivité du tiers lieu peut-elle suffire dans la mesure où il y aura beaucoup d’associations et pas d’investissement de la ville ?
Quelques constats : Libourne, ville moyenne en perte d’attractivité possède un bâtiment classé. Le montage prévu (le financement est un point de vigilance très important) a échoué. La réalisation de plusieurs événements sur site n’a pas permis la réappropriation du site par les habitants. Aujourd’hui, c’est une enclave de luxe qui a été réalisée, qui n’est pas tournée vers la population. A Bordeaux, le Ginko, écoquartier, est qualifié de « Réserve d’indiens ».
La participation est toujours un point compliqué : Jusqu’où aller ? Sur quoi porte-t-elle ?
À quel moment a-t-elle lieu ? L’échelle d’Arstein montre l’amplitude : information / consultation / concertation / partenariat / délégation de pouvoir.
Notons un point très positif à Limoges : plusieurs acteurs communiquent avec la Mairie : le B25, le Collectif Marceau, Renaissance du Vieux Limoges, le Comité de quartier .
L’urbanisme néo-libéral : il est basé sur la négociation. Un architecte coordonne un plan d’ensemble souple et adaptable aus souhaits des opérateurs privés. L’espace public est souvent financé par la vente de terrains. Il est donc étudié dans un second temps, ce qui, par exemple à Bordeaux, a eu des conséquences : le quartier des bassins d’eau regorge de logements mais l’attractivité a baissé car les équipements publics n’ont pas suivi ( piscine, tram…). Au contraire, l’Arsenal de Brest qui est dédié au public est une vraie réussite. Souvent le site se développe dans un modèle intermédiaire : par exemple avec un tiers lieu levier d’activités. D’autres modèles s’appuient sur la culture. D’autres encore choisissent le transitoire : faire d’abord revenir des usages, construire un collectif, voir peu à peu la potentialité du lieu ( Ex de la caserne Niel à Bordeaux, alias Darwin, ou de la Belle de Mai à Marseille). Cependant, ce modèle a ses limites : à Paris, Les Grands Moulins sont si attractifs que les collectivités veulent récupérer leurs terrains. Cela entraîne parfois aussi la gentrification.
Constatons que le succès, par exemple à Grenoble, provient d’un investissement public fort, et d’un architecte qui a une bonne compréhension de la ville.
Atelier architecture du Collectif Marceau avec Olivier Chadoin, 8 mars 2022
Concluons
Cet échange a le mérite d’enrichir notre réflexion et soulève de nombreuses questions quant à la caserne Marceau que nous aurons le temps d’aborder à nouveau ensemble. Nous remercions vivement Olivier Chadoin, tous nos adhérents qui se sont déplacés et l’hôtel Marceau qui nous a accueillis et hydratés .
Depuis la présentation du projet de la mairie « Marceau Réinventé », le Collectif Marceau, créé en 2019 puis transformé en association en 2020, a pour raison d’être l’amélioration de la qualité de vie des habitants du quartier Carnot-Marceau. Deux années d’analyses se sont organisées autour de :
veille documentaire (ce qui s’est fait de bien, ou de moins bien, dans d’autres villes françaises ou européennes).
Riche de ce travail qu’il a mené avec une conviction ouverte en se gardant de tout à priori partisan, le Collectif Marceau peut aujourd’hui afficher une vision globale pour le quartier. Il ne s’agit pas d’une réflexion économique sur ce que les finances de la ville ou de la métropole permettent de faire ou non, car ce ne sont là que des moyens au service d’un objectif.
Pour exemple, ne faire de la réhabilitation de la caserne qu’un vaste projet immobilier ne serait que regarder le carré d’herbe à nos pieds plutôt qu’un horizon certes lointain, mais prometteur et vivant. Voilà pourquoi la vision que nous voulons défendre tend à définir en premier lieu les objectifs que nous nous fixons à terme pour l’amélioration de la qualité de vie des habitants. Elle se veut ensuite globale, en projetant un avenir conscient de ses obligations et de ses responsabilités, en termes d’environnement par exemple. Elle pose enfin les bases d’un quartier apaisé quant aux différentes mobilités ou à la mixité sociale et culturelle, dans le souci du bien-vivre ensemble.
Avant de mettre un pied devant l’autre, nous voulons que soit défini où nous allons, car cela fait défaut à ce jour. Un tiers-lieu, parfait ! Les écoles de la CCI, d’accord ! Mais au service de quel projet global pour le quartier et pour la ville ?
Sept points clés
Cette vision peut se résumer en 7 points d’égale importance que nous soumettons au débat :
Conserver la présence du patrimoine (les anciennes écuries, le pavillon de l’Horloge et les 2 pavillons d’entrée)
Élaborer un vrai projet culturel pour le site et le quartier
Construire peu (ou pas) de logements neufs en accompagnant d’un plan de rénovation du bâti ancien
Organiser le futur plan des transports en commun autour d’un BHNS passant par la place Carnot, point central et névralgique du quartier
Penser les mobilités (douces et motorisés) de manière apaisée et partagée, et développer les espaces verts et la végétalisation
Privilégier la dimension emploi, par des activités nouvelles, en pôles de formations et de culture, avec entre autres, une étude d’impact de l’implantation des écoles de la CCI
Penser et agir contre les incivilités et pour le vivre ensemble
Mise à jour (15 février 2022) : aux dernières nouvelles, l’immeuble où se trouvait le squat est désormais en vente aux enchères le 28 mars 2022.
L’une des problématiques de notre quartier est la montée des incivilités et du trafic de drogue qui nuisent à l’image de Carnot-Marceau et posent question quant à l’évolution du projet global : à quoi bon une caserne rénovée avec des logements tranquilles si, autour du site, un climat paisible n’est pas rétabli ? Alerté depuis plusieurs mois, le Collectif Marceau exprime son inquiétude sur la situation du triangle Leclerc-Hoche-Gouffier de Lastours. En responsabilité, il choisit de publier ces témoignages éloquents, recueillis en novembre 2021.
Témoignages
« Depuis mi 2019, la situation et l’environnement se dégradent fortement. Une vingtaine de trafiquants s’approprient le jour le début de la rue Gouffier de Lastours, alors que la nuit un trafic de stupéfiants et de cigarettes à l’unité a lieu devant la Poste, l’école Léon-Berland et le haut de la rue Hoche. Nous faisons face à des bagarres régulières entre dealers et consommateurs, parfois avec armes blanches. A plusieurs reprises, des véhicules ont été endommagés… »
Les habitants du quartier se sont rapprochés les uns des autres pour échanger sur ces nuisances. Ils ont appris qu’un immeuble du quartier « comportant plusieurs appartements, appartenant à plusieurs propriétaires, était en vente. Le dernier étage est investi par des squatteurs, d’abord au nombre de cinq, puis de plus d’une dizaine, identifiés par le voisinage comme responsables du trafic de stupéfiants, des bagarres et du tapage nocturne devenu plus que régulier. L’immeuble n’est occupé que par les squatteurs, les locataires ayant fui leurs logements du fait de l’insécurité et de la dégradation extrême des parties communes.
Des conséquences en cascade
Dans une copropriété voisine, « un propriétaire s’est vu dans l’obligation de barricader son appartement. Il a mis en vente son appartement situé au rez-de-chaussée, après deux tentatives d’intrusion. La copropriété de l’immeuble a dû régler à deux reprises la réparation de son portail forcé par ces mêmes personnes. Une dame âgée vivant au rez-de-chaussée trouve régulièrement des déchets sur son balcon, ainsi que des seringues. Nous déplorons le fait que les forces de l’ordre se déplacent de moins en moins, malgré des appels pour tapage nocturne plus que réguliers. Rappelons que ce secteur se situe à moins de 500 mètres des locaux de la police municipale et à moins d’un kilomètre du Commissariat de Police. Une école maternelle et élémentaire est aussi à proximité. »
Vendredi 26 novembre, une porte blindée a été installée à l’entrée de l’immeuble occupé. Aujourd’hui le squat, en tant que tel n’existe plus. Le quartier, ses résidents ont retrouvé une forme appréciée et encourageante de tranquilité, de sérénité. Mais on ne peut s’arrêter à cette seule fermeture. De jour, les incivilités se poursuivent. Des squatteurs délogés ne vont-ils pas simplement se déplacer vers d’autres logements à occuper ? Il est impératif de s’attaquer à l’appel d’air que constituent les logements vacants, peu chers, insalubres, qui font le lit des marchands de sommeil ou offrent des opportunités de squat.
Des questions en suspens
À la rue désormais, ce sont plusieurs questions de logement, de nourriture, d’hygiène, de police et de justice (faits délictueux, titres de séjour sur le territoire français) qui continuent de se poser. Sur ce dernier point, hors législation sur le droit d’asile, deux solutions peuvent être proposées. La première voie d’obtention d’un titre est le travail. Il faut être en France depuis 5 ans et avoir travaillé au moins 8 mois. Condition ubuesque si l’on considère qu’un employeur se met dans l’illégalité s’il emploie un sans-papier (sauf à passer par un document de promesse d’embauche, procédure acceptée par l’administration) ! La seconde possibilité est celle de la vie privée ou familiale. S’ils vivent en France depuis 5 ans et qu’ils ont un enfant scolarisé depuis 3 ans, les immigrés sans papiers peuvent obtenir un titre de séjour. Le cadre juridique est ainsi défini. Mais le droit des étrangers est une matière humaine que l’on se doit d’aborder avec bienveillance.
L’échelon d’un quartier, avec l’appui des associations concernées, est un bon niveau pour accueillir, comprendre, informer et soutenir les femmes et les hommes qui vivent ces situations. Peut-être est-ce aussi un moyen parmi d’autres de faire baisser le nombre des incivilités du quotidien et de favoriser le mieux vivre-ensemble avec une mixité assumée et apaisée !
Tenter de comprendre à l’aide des enquêtes et statistiques
Celles-ci décrivent des phénomènes bien présents à Limoges, sous deux aspects :
d’une part ces actes d’incivilités sont le fait d’un petit groupe d’hommes jeunes, voire de plus en plus jeunes et mineurs, impliqués souvent dans une hyperactivité et une multi-activité délinquantes (violence, trafics divers, voire prostitution…)
d’autre part, ces actes d’incivilités créent une situation d’insécurité, pas un simple sentiment mais une réelle situation de danger. Cette situation se double et se nourrit d’une méfiance grandissante des citoyens envers la police et la justice, dans un univers marqué également par la dégradation des services publics. (cf. enquête IFOP mai 2021, 22 % de confiance en l’institution judiciaire et 63 % de défiance).
Les données statistiques sur le périmètre de police de Limoges, mais aussi à l’échelle néo-aquitaine, de la France dans l’Europe éclairent notre situation. La fréquence des actes délictueux est de 75 pour 1 000 sur la zone de police de Bordeaux contre 56 pour1 000 à Poitiers et 42 pour 1 000 à Limoges. Globalement, la situation de Limoges (2ème ville de la région) est moins critique que celle de Bordeaux ou de Poitiers.Pour les deuxième et troisième villes de la région, vols et dégradations ainsi que violences aux personnes représentent les trois quarts des actes constatés.
Crimes et délits 2020
France
Bordeaux
Limoges
Poitiers
Nombre de cas = base
51 593
7 408
6 856
Nombre de cas pour 1 000 hab.
44,95
74,88
41,88
55,77
– dont violences aux personnes
10,64
12,93
9,22
12,85
– dont vols et dégradation
23,73
50,96
21,4
28,55
– dont délinquances économiques
5,99
6,5
6,82
8,53
– dont autres crimes et délits
4,61
4,53
4,43
5,85
Sous total violences gratuites et menaces
7,66
7,63
7,08
9,22
Sous total escroqueries et contrefaçons
5,93
6,37
6,81
8,53
Sous total trafic, revente et usages de drogue
2
1,89
2,86
3,74
Source : selon linternaute.com d’après ONDRP (observatoire national de la délinquance et des réponses pénales)
Une justice française mal dotée
Les statistiques européennes montrent une position dégradée de la France : quand la Suisse est à 219 € de dépenses pour services judiciaires par an et par habitant, la France est à 64 €, pour 146 € en Allemagne. (Jean-Charles Asselain, Université de Bordeaux). La signature massive de la tribune des magistrats (publiée par Le Monde, qui a réuni 5 500 juges et greffiers en moins d’une semaine) donne l’ampleur de la crise.
Mais comment agir à l’échelle d’un quartier ?
Incivilités et trafics empoisonnent la vie quotidienne et rendent plus complexe la construction du vivre ensemble. Notre ville et plus particulièrement notre quartier n’y échappent pas. Le maire est un acteur parmi d’autres (forces de sécurité nationales, justice, actions éducatives et sociales…). Il concourt par son pouvoir de police (pouvoir renforcé par la loi «Engagement et proximité » du 27 décembre 2019) à l’exercice des missions de sécurité publique et de prévention de la délinquance. En tant qu’élu local, il est le mieux placé pour concevoir en coordination, la réponse la plus appropriée à des situations problématiques bien identifiées à l’échelle micro locale. Il pilote l’activité de la police municipale, dont l’effectif se rapproche désormais à Limoges de la centaine d’agents, et du centre de vidéosurveillance.
Sans probablement le savoir, les riverains, les propriétaires, les résidents du triangle ont adopté dans leur situation, comme Mr Jourdain la prose, la recommandation du Ministère de l’intérieur : la mise en place de « solidarités de voisinage »… A ce titre, le dispositif de « participation citoyenne » (5 600 communes) consiste à associer les élus et la population d’un quartier ou d’une commune à la sécurité de leur propre environnement, dans un dispositif partenarial encadré par la gendarmerie ou la police. Concrètement, les habitants concernés sont incités à adopter une attitude vigilante et à informer les forces de sécurité intérieure des divers troubles à l’ordre et à la tranquillité publique. Mais il faut penser des limites à une telle substitution de compétence ; le risque est de passer de la notion de vigilance, de l’attention aux autres, à la société de surveillance.
En proportion de la gêne occasionnée, les efforts déployés par les riverains semblent vains. Comment décrire et tenter de comprendre, informer sur cette situation avec esprit de responsabilité quand les autorités publiques elles-mêmes décrivent des situations d’impuissance ? Donc sur quelles dispositions légales et réglementaires s’appuyer pour traiter les questions de squat, violence, tapage nocturne ?
En effet, l’approche de ces questions ne se joue pas sur la seule réhabilitation d’une caserne, îlot illusoire de tranquillité, dissociée du quartier qui l’héberge.