Première édition réussie du MarceauTour

Une vingtaine de personnes ont participé à la visite commentée du quartier Carnot-Marceau organisée par le collectif vendredi 6 mai 2022.

Le MarceauTour en vidéo

Rendez-vous à 10 h 45 devant la caserne. Nous nous sommes lancés pour deux heures et demie de promenade, ponctuée d’interventions de « spécialistes » autour des points significatifs du quartier.

Place Marceau, Stéphane, membre du Bâtiment 25, nous présente le projet de tiers-lieu. Les travaux débutent, le tiers-lieu est attendu pour le début d’année 2023. Nicolas Simonnet, ancien conservateur des monuments historiques, enrichit sa description du lieu par des réflexions sur l’urbanisme de la place Marceau et de la caserne. 

La balade se poursuit rue Hoche devant la Maison de la musique, siège et lieu de répétition des Gueules Sèches qui fêtent leurs 100 ans. Bon anniversaire !

Rue Armand Barbès, premier arrêt à l’angle du manège Montrouge : c’est l’ancien manège de cavalerie intelligemment réhabilité en logements sociaux. Second arrêt devant l’école : nous avons échangé sur la question de la mixité dans le quartier.

Le MarceauTour devant le manège Montrouge.

Avenue du Général Leclerc, nous avons discuté du projet de bus à haut niveau de services (BHNS), formidable outil de développement et de son passage : rue Armand Barbès ? Rue Hoche ? Place Carnot ? La concertation publique est attendue pour 2023.

De l’autre côté de l’avenue, l’expérimentation du passage en sens unique de la rue de Versailles est en cours : elle pacifie la circulation dans les rues du triangle Leclerc-Versailles-Thuillat, dans la dynamique de la zone 30.

En descendant la rue Émile Labussière, arrêt devant quelques bâtiments emblématiques qui relatent l’histoire industrielle et économique de la ville et qui mériteraient d’être valorisés. En bas, devant les halles, Madame Faure nous raconte quelques souvenirs de la place Carnot au XXe siècle.

Le MarceauTour au musée des Distilleries limougeaudes.

La balade s’est terminée avec Marie par la visite du musée des Distilleries limougeaudes, situé dans des locaux annexes de la Distillerie du centre qui nous a offert une dégustation de sa Gauloise. Merci à la Vinothèque !

Riche en échanges et propositions, le MarceauTour est une nouvelle occasion conviviale de se rencontrer, ou de se retrouver, de présenter nos propositions et de faire émerger des idées nouvelles des habitants et habitantes.

Atelier architecture, 8 mars 2022

Le mardi 8 mars, 23 adhérents du Collectif Marceau qui le souhaitaient se sont retrouvés à l’hôtel Le Marceau pour rencontrer Olivier Chadoin, professeur en sociologie des architectes, maître de conférence à l’ENSAP de Bordeaux. Nous l’avons écouté présenter les enjeux et les problématiques que l’on rencontre lorsqu’une ville réaménage un site en friche, cas fréquent depuis 2009.

Cette rencontre s’est révélée très intéressante et a donné lieu à un échange entre les habitants de notre quartier et Olivier Chadoin.

Ce qu’on a appris : faisons le point !

En France, comme ailleurs, les 600 sites et 6000 hectares de friche proviennent de la démilitarisation et de la désindustrialisation. En Europe, un des premiers exemples de site réaménagé réussi est celui de Bilbao : basé sur un bâtiment signe et de la culture : le Musée Guggenheim. D’autres sites sont exemples de réussite : Grenoble et sa caserne de Bonne, les Haras de Strasbourg… Citons enfin les quatre piliers de l’urbanisme actuel : une ville Verte, Mobile, Sûre, Participative !

Centre commercial de la caserne de Bonne à Grenoble
Centre commercial de la caserne de Bonne à Grenoble. Milky, Public domain, via Wikimedia Commons

Plusieurs questions se posent dès le départ car plus le lieu est grand , plus d’envies sont fantasmés par les habitants alors qu’il faut réfléchir à une cohérence d’ensemble.

  • La croissance : le lieu est-il déjà attractif ? Ou doit-on le rendre attractif ?
  • Est-ce qu’il y a un projet long ? ( ex de Grenoble : 15 ans)
  • De quelle surface dispose-t-on ? Le lieu est-il une enclave ? Est-il dans un projet de quartier ? En lien avec un projet de ville ? Comment s’articulent les deux ?

A Marceau, le projet d’accueillir 270 foyers semble énorme et va beaucoup changer le quartier. L’articulation projet de quartier/ de ville n’est pas évident… L’attractivité du tiers lieu peut-elle suffire dans la mesure où il y aura beaucoup d’associations et pas d’investissement de la ville ?

Quelques constats : Libourne, ville moyenne en perte d’attractivité possède un bâtiment classé. Le montage prévu (le financement est un point de vigilance très important) a échoué. La réalisation de plusieurs événements sur site n’a pas permis la réappropriation du site par les habitants. Aujourd’hui, c’est une enclave de luxe qui a été réalisée, qui n’est pas tournée vers la population. A Bordeaux, le Ginko, écoquartier, est qualifié de « Réserve d’indiens ».

La participation est toujours un point compliqué : Jusqu’où aller ? Sur quoi porte-t-elle ?

À quel moment a-t-elle lieu ? L’échelle d’Arstein montre l’amplitude : information / consultation / concertation / partenariat / délégation de pouvoir.

Notons un point très positif à Limoges : plusieurs acteurs communiquent avec la Mairie : le B25, le Collectif Marceau, Renaissance du Vieux Limoges, le Comité de quartier .

L’urbanisme néo-libéral : il est basé sur la négociation. Un architecte coordonne un plan d’ensemble souple et adaptable aus souhaits des opérateurs privés. L’espace public est souvent financé par la vente de terrains. Il est donc étudié dans un second temps, ce qui, par exemple à Bordeaux, a eu des conséquences : le quartier des bassins d’eau regorge de logements mais l’attractivité a baissé car les équipements publics n’ont pas suivi ( piscine, tram…). Au contraire, l’Arsenal de Brest qui est dédié au public est une vraie réussite. Souvent le site se développe dans un modèle intermédiaire : par exemple avec un tiers lieu levier d’activités. D’autres modèles s’appuient sur la culture. D’autres encore choisissent le transitoire : faire d’abord revenir des usages, construire un collectif, voir peu à peu la potentialité du lieu ( Ex de la caserne Niel à Bordeaux, alias Darwin, ou de la Belle de Mai à Marseille). Cependant, ce modèle a ses limites : à Paris, Les Grands Moulins sont si attractifs que les collectivités veulent récupérer leurs terrains. Cela entraîne parfois aussi la gentrification.

Constatons que le succès, par exemple à Grenoble, provient d’un investissement public fort, et d’un architecte qui a une bonne compréhension de la ville.

Atelier architecture
Atelier architecture du Collectif Marceau avec Olivier Chadoin, 8 mars 2022

Concluons

Cet échange a le mérite d’enrichir notre réflexion et soulève de nombreuses questions quant à la caserne Marceau que nous aurons le temps d’aborder à nouveau ensemble. Nous remercions vivement Olivier Chadoin, tous nos adhérents qui se sont déplacés et l’hôtel Marceau qui nous a accueillis et hydratés .

Quelle vision pour l’ancienne caserne Marceau et le quartier ?

Depuis la présentation du projet de la mairie « Marceau Réinventé », le Collectif Marceau, créé en 2019 puis transformé en association en 2020, a pour raison d’être l’amélioration de la qualité de vie des habitants du quartier Carnot-Marceau. Deux années d’analyses se sont organisées autour de :

Riche de ce travail qu’il a mené avec une conviction ouverte en se gardant de tout à priori partisan, le Collectif Marceau peut aujourd’hui afficher une vision globale pour le quartier. Il ne s’agit pas d’une réflexion économique sur ce que les finances de la ville ou de la métropole permettent de faire ou non, car ce ne sont là que des moyens au service d’un objectif.

Pour exemple, ne faire de la réhabilitation de la caserne qu’un vaste projet immobilier ne serait que regarder le carré d’herbe à nos pieds plutôt qu’un horizon certes lointain, mais prometteur et vivant. Voilà pourquoi la vision que nous voulons défendre tend à définir en premier lieu les objectifs que nous nous fixons à terme pour l’amélioration de la qualité de vie des habitants. Elle se veut ensuite globale, en projetant un avenir conscient de ses obligations et de ses responsabilités, en termes d’environnement par exemple. Elle pose enfin les bases d’un quartier apaisé quant aux différentes mobilités ou à la mixité sociale et culturelle, dans le souci du bien-vivre ensemble.

Avant de mettre un pied devant l’autre, nous voulons que soit défini où nous allons, car cela fait défaut à ce jour. Un tiers-lieu, parfait ! Les écoles de la CCI, d’accord ! Mais au service de quel projet global pour le quartier et pour la ville ?

Sept points clés

Cette vision peut se résumer en 7 points d’égale importance que nous soumettons au débat :

  1. Conserver la présence du patrimoine (les anciennes écuries, le pavillon de l’Horloge et les 2 pavillons d’entrée)
  2. Élaborer un vrai projet culturel pour le site et le quartier
  3. Construire peu (ou pas) de logements neufs en accompagnant d’un plan de rénovation du bâti ancien
  4. Organiser le futur plan des transports en commun autour d’un BHNS passant par la place Carnot, point central et névralgique du quartier
  5. Penser les mobilités (douces et motorisés) de manière apaisée et partagée, et développer les espaces verts et la végétalisation
  6. Privilégier la dimension emploi, par des activités nouvelles, en pôles de formations et de culture, avec entre autres, une étude d’impact de l’implantation des écoles de la CCI
  7. Penser et agir contre les incivilités et pour le vivre ensemble

Incivilités et trafics fragilisent le vivre-ensemble

Mise à jour (15 février 2022) : aux dernières nouvelles, l’immeuble où se trouvait le squat est désormais en vente aux enchères le 28 mars 2022. 

L’une des problématiques de notre quartier est la montée des incivilités et du trafic de drogue qui nuisent à l’image de Carnot-Marceau et posent question quant à l’évolution du projet global : à quoi bon une caserne rénovée avec des logements tranquilles si, autour du site, un climat paisible n’est pas rétabli ? Alerté depuis plusieurs mois, le Collectif Marceau exprime son inquiétude sur la situation du triangle Leclerc-Hoche-Gouffier de L​​astours. En responsabilité, il choisit de publier ces témoignages éloquents, recueillis en novembre 2021.

Témoignages

« Depuis mi 2019, la situation et l’environnement se dégradent fortement. Une vingtaine de trafiquants s’approprient le jour le début de la rue Gouffier de Lastours, alors que la nuit un trafic de stupéfiants et de cigarettes à l’unité a lieu devant la Poste, l’école Léon-Berland et le haut de la rue Hoche. Nous faisons face à des bagarres régulières entre dealers et consommateurs, parfois avec armes blanches. A plusieurs reprises, des véhicules ont été endommagés… »

Les habitants du quartier se sont rapprochés les uns des autres pour échanger sur ces nuisances. Ils ont appris qu’un immeuble du quartier « comportant plusieurs appartements, appartenant à plusieurs propriétaires, était en vente. Le dernier étage est investi par des squatteurs, d’abord au nombre de cinq, puis de plus d’une dizaine, identifiés par le voisinage comme responsables du trafic de stupéfiants, des bagarres et du tapage nocturne devenu plus que régulier. L’immeuble n’est occupé que par les squatteurs, les locataires ayant fui leurs logements du fait de l’insécurité et de la dégradation extrême des parties communes.

Des conséquences en cascade

Dans une copropriété voisine, « un propriétaire s’est vu dans l’obligation de barricader son appartement. Il a mis en vente son appartement situé au rez-de-chaussée, après deux tentatives d’intrusion. La copropriété de l’immeuble a dû régler à deux reprises la réparation de son portail forcé par ces mêmes personnes. Une dame âgée vivant au rez-de-chaussée trouve régulièrement des déchets sur son balcon, ainsi que des seringues. Nous déplorons le fait que les forces de l’ordre se déplacent de moins en moins, malgré des appels pour tapage nocturne plus que réguliers. Rappelons que ce secteur se situe à moins de 500 mètres des locaux de la police municipale et à moins d’un kilomètre du Commissariat de Police. Une école maternelle et élémentaire est aussi à proximité. »

Vendredi 26 novembre, une porte blindée a été installée à l’entrée de l’immeuble occupé. Aujourd’hui le squat, en tant que tel n’existe plus. Le quartier, ses résidents ont retrouvé une forme appréciée et encourageante de tranquilité, de sérénité. Mais on ne peut s’arrêter à cette seule fermeture. De jour, les incivilités se poursuivent. Des squatteurs délogés ne vont-ils pas simplement se déplacer vers d’autres logements à occuper ? Il est impératif de s’attaquer à l’appel d’air que constituent les logements vacants, peu chers, insalubres, qui font le lit des marchands de sommeil ou offrent des opportunités de squat.

Des questions en suspens

À la rue désormais, ce sont plusieurs questions de logement, de nourriture, d’hygiène, de police et de justice (faits délictueux, titres de séjour sur le territoire français) qui continuent de se poser. Sur ce dernier point, hors législation sur le droit d’asile, deux solutions peuvent être proposées. La première voie d’obtention d’un titre est le travail. Il faut être en France depuis 5 ans et avoir travaillé au moins 8 mois. Condition ubuesque si l’on considère qu’un employeur se met dans l’illégalité s’il emploie un sans-papier (sauf à passer par un document de promesse d’embauche, procédure acceptée par l’administration) ! La seconde possibilité est celle de la vie privée ou familiale. S’ils vivent en France depuis 5 ans et qu’ils ont un enfant scolarisé depuis 3 ans, les immigrés sans papiers peuvent obtenir un titre de séjour. Le cadre juridique est ainsi défini. Mais le droit des étrangers est une matière humaine que l’on se doit d’aborder avec bienveillance.

L’échelon d’un quartier, avec l’appui des associations concernées, est un bon niveau pour accueillir, comprendre, informer et soutenir les femmes et les hommes qui vivent ces situations. Peut-être est-ce aussi un moyen parmi d’autres de faire baisser le nombre des incivilités du quotidien et de favoriser le mieux vivre-ensemble avec une mixité assumée et apaisée !

Tenter de comprendre à l’aide des enquêtes et statistiques

Celles-ci décrivent des phénomènes bien présents à Limoges, sous deux aspects :

  • d’une part ces actes d’incivilités sont le fait d’un petit groupe d’hommes jeunes, voire de plus en plus jeunes et mineurs, impliqués souvent dans une hyperactivité et une multi-activité délinquantes (violence, trafics divers, voire prostitution…)
  • d’autre part, ces actes d’incivilités créent une situation d’insécurité, pas un simple sentiment mais une réelle situation de danger. Cette situation se double et se nourrit d’une méfiance grandissante des citoyens envers la police et la justice, dans un univers marqué également par la dégradation des services publics. (cf. enquête IFOP mai 2021, 22 % de confiance en l’institution judiciaire et 63 % de défiance).

Les données statistiques sur le périmètre de police de Limoges, mais aussi à l’échelle néo-aquitaine, de la France dans l’Europe éclairent notre situation. La fréquence des actes délictueux est de 75 pour 1 000 sur la zone de police de Bordeaux contre 56 pour1 000 à Poitiers et 42 pour 1 000 à Limoges. Globalement, la situation de Limoges (2ème ville de la région) est moins critique que celle de Bordeaux ou de Poitiers.Pour les deuxième et troisième villes de la région, vols et dégradations ainsi que violences aux personnes représentent les trois quarts des actes constatés.

Crimes et délits 2020FranceBordeauxLimogesPoitiers
Nombre de cas = base51 5937 4086 856
Nombre de cas pour 1 000 hab.44,9574,8841,8855,77
– dont violences aux personnes10,6412,939,2212,85
– dont vols et dégradation23,7350,9621,428,55
– dont délinquances économiques5,996,56,828,53
– dont autres crimes et délits4,614,534,435,85
Sous total violences gratuites et menaces7,667,637,089,22
Sous total escroqueries et contrefaçons5,936,376,818,53
Sous total trafic, revente et usages de drogue21,892,863,74
Source : selon linternaute.com d’après ONDRP (observatoire national de la délinquance et des réponses pénales)

Une justice française mal dotée

Les statistiques européennes montrent une position dégradée de la France : quand la Suisse est à 219 € de dépenses pour services judiciaires par an et par habitant, la France est à 64 €, pour 146 € en Allemagne.  (Jean-Charles Asselain, Université de Bordeaux). La signature massive de la tribune des magistrats (publiée par Le Monde, qui a réuni 5 500 juges et greffiers en moins d’une semaine) donne l’ampleur de la crise.

Mais comment agir à l’échelle d’un quartier ?

Incivilités et trafics empoisonnent la vie quotidienne et rendent plus complexe la construction du vivre ensemble. Notre ville et plus particulièrement notre quartier n’y échappent pas. Le maire est un acteur parmi d’autres (forces de sécurité nationales, justice, actions éducatives et sociales…). Il concourt par son pouvoir de police (pouvoir renforcé par la loi «Engagement et proximité » du 27 décembre 2019)  à l’exercice des missions de sécurité publique et de prévention de la délinquance. En tant qu’élu local, il est le mieux placé pour concevoir en coordination, la réponse la plus appropriée à des situations problématiques bien identifiées à l’échelle micro locale. Il pilote l’activité de la police municipale, dont l’effectif se rapproche désormais à Limoges de la centaine d’agents, et du centre de vidéosurveillance.

Sans probablement le savoir, les riverains, les propriétaires, les résidents du triangle ont adopté dans leur situation, comme Mr Jourdain la prose, la recommandation du Ministère de l’intérieur : la mise en place de « solidarités de voisinage »… A ce titre, le dispositif de « participation citoyenne » (5 600 communes) consiste à associer les élus et la population d’un quartier ou d’une commune à la sécurité de leur propre environnement, dans un dispositif partenarial encadré par la gendarmerie ou la police. Concrètement, les habitants concernés sont incités à adopter une attitude vigilante et à informer les forces de sécurité intérieure des divers troubles à l’ordre et à la tranquillité publique. Mais il faut penser des limites à une telle substitution de compétence ; le risque est de passer de la notion de vigilance, de l’attention aux autres, à la société de surveillance.

En proportion de la gêne occasionnée, les efforts déployés par les riverains semblent vains. Comment décrire et tenter de comprendre, informer sur cette situation avec esprit de responsabilité quand les autorités publiques elles-mêmes décrivent des situations d’impuissance ? Donc sur quelles dispositions légales et réglementaires s’appuyer pour traiter les questions de squat, violence, tapage nocturne ?

En effet, l’approche de ces questions ne se joue pas sur la seule réhabilitation d’une caserne, îlot illusoire de tranquillité, dissociée du quartier qui l’héberge.

CCI, des écoles à l’étude !

Mise à jour (15 février 2022) : La CCI prolonge l’étude en cours, notamment financière, jusqu’au deuxième trimestre 2022. Afin de disposer des comptes de la chambre au terme de l’exercice 2021 et aussi d’apprécier les ressources possibles, pour les années à venir.

Faisons les présentations

La galaxie de formations de la chambre de commerce et d’industrie de Limoges et de la Haute-Vienne n’est pas facile à appréhender. Elle couvre des domaines aussi divers que l’informatique ou la gestion de personnel, en passant par les métiers de l’immobilier, de la banque, de la distribution, ou de la sécurité. Elle peut être en formation initiale ou continue, en alternance ou pas, de durée d’un an à cinq ans, avec des stages obligatoires, à l’étranger parfois, en validation des acquis de l’expérience(VAE), etc.

Elle prépare une vingtaine de diplômes différents reconnus par l’État.

Les activités de formation de la CCI s’exercent au travers de deux entités :

3iL Groupe, dont le pivot est l’école d’ingénieurs du même nom :

  • 3iL, Institut d’Ingénierie informatique de Limoges, avec deux autres écoles, aux effectifs plus modestes,
  • ISFOGEP, Institut supérieur de formation à la gestion du personnel
  • ESSEL, École supérieure de la sécurité et de l’environnement

CCI Formation (également désigné, le campus consulaire), et ses deux écoles professionnelles supérieures :

  • ESCS, École supérieure de commerce et des services
  • ISIH, Institut supérieur de l’immobilier et de l’habitat
Carte des écoles de la CCI à Limoges.
Carte des écoles de la CCI à Limoges.

La réputation des différentes filières n’est pas égale. La compétition pour obtenir la meilleure qualité de résultats (et les moyens qui vont souvent avec) est rude entre les écoles au plan national (comme au plan mondial). Les classements opérés par différents structures et médias désignent un positionnement relatif très présent dans l’esprit des étudiants et des enseignants. Ces classements sont fortement intégrés par les étudiants dès la fin des études secondaires, et la hiérarchie se manifeste bien avant l’intégration des écoles par l’inscription selon des groupes de concours communs.

Pour les écoles d’ingénieur, la commission du titre de l’ingénieur (CTI) joue un rôle d’évaluation, de validation et de recommandation. Son dernier rapport sur 3iL est tout récent puisqu’il date d’avril 2021. Il exprime en conclusion le diagnostic suivant :

« 3iL Limoges est une école bien ancrée dans son environnement socio-économique… Elle bénéficie d’une bonne visibilité régionale mais aussi nationale…

L’implication des enseignants-chercheurs dans les activités de recherche et l’exposition à la recherche de tous les élèves restent un point d’attention, que devrait contribuer à améliorer le projet de création d’un laboratoire de recherche interne à l’école.

École de taille humaine, 3iL peut assurer un suivi et un accompagnement efficace de ses élèves et de ses diplômés. Elle développe une formation répondant aux besoins immédiats des entreprises locales et même au-delà du bassin régional.

Réactive, l’école est dans une bonne dynamique et le climat positif qui règne au sein de l’école va lui permettre de mettre en œuvre ses différents projets de développement.»

Rapport de la CTI

Et faisant écho à ce que nous évoquions précédemment, la CTI pointe au chapitre des risques : « La concurrence liée aux nombreuses formations d’ingénieurs dans ce domaine. »

Les effectifs des formations appelées au regroupement sur Marceau :

Selon les sources, les effectifs étudiants pour les 5 écoles varient de 700 à 1 400. Cela pourrait être anecdotique, mais nous paraît surtout indiquer combien ce chiffre d’étudiants suscite des interrogations sur l’effet, l’impact du transfert.

Nous nous sommes rapprochés à nouveau de la CCI pour caler des données autorisées de la population
étudiante à Limoges. Vous les trouverez, synthétisés dans le tableau ci-dessous :

ÉcolesDominantesLieuxEffectifs% d’alternanceRythme d’alternance
ISHIImmobilierLebon100 %2 sem / 1 sem
ESCSCommerce, distributionLebon100 %2 sem / 1 sem
Total CCI Formation450
ISFOGEPRelations humainesSainte-Anne100100 %2 sem / 1 sem
ESSELSécuritéSainte-Anne30
3ILIngénierie informatiqueSainte-Anne43045 %30 % entreprise
Total 3IL Groupe560
Total 5 écoles1 010 élèvesenv. 700 alternants

Ceci fait, il faut se demander le nombre d’élèves sous statut d’alternant et le nombre d’élèves sous statut d’étudiants. Pour ensuite aborder l’autre dimension du sujet, les rythmes de formation, de cette vie universitaire tout court, avoir une mesure du temps passé dans l’entreprise aussi bien par les apprentis que par les étudiants en stage.

Selon les filières, la part de la formation hors sites limougeauds évolue entre 30 % et 70 %. Sous les formes les plus diverses : contrat d’apprentissage, stage alterné ou semestre à l’étranger, formation déportée dans d’autres écoles partenaires… Sans compter une tendance forte à l’augmentation du virtuel au détriment du présentiel dans les formations post-bac.

Au final, on ne doit pas être loin de la réalité en affirmant qu’en moyenne lissée, hors période de congés, l’effectif étudiant est en dehors de Limoges au moins deux jours par semaine. Soulignons enfin pour compléter le tableau que la population étudiante de ces 5 écoles est globalement à plus de 50 % originaire du Limousin et des départements limitrophes.

Derrière ces chiffres, c’est l’impact de cette implantation sur le quartier et sur la vie même de la caserne, sa capacité de dynamisme, qui se jouent.

L’état des lieux (des locaux…)

3IL école d'ingénieur
3IL école d’ingénieur, rue Sainte-Anne.

3iL Groupe est une association hébergée dans des bâtiments rue Sainte-Anne loués à leur propriétaire, la CCI, pour 5 400 m2 sur 8 700 m². Même si le bâtiment a fait l’objet d’une rénovation en 2020, il comporte beaucoup de surfaces perdues. Selon la CTI, il « ne permet pas, en l’état, d’augmenter les effectifs de 3iL ». Pour mémoire, sur les cinq dernières années, le nombre total d’élèves a augmenté de 30% en cycle préparatoire et de 22% en cycle ingénieur.

Les locaux du campus consulaire ont été achetés par la CCI en 2013, dans un montage financier courant jusqu’en 2027/2028. Avec un coût d’achat et d’aménagement qui ressort à 2,9 M€. Ils occupent selon les données de la chambre régionale des comptes, 2 600 m² sur 4 400 m² (le reste principalement en location). La vétusté des lieux, l’incommodité des petites salles… sont préjudiciables aux études.

Comme Sainte-Anne, les locaux sont excentrés sans bénéficier des services d’un campus comme La Borie ou Vanteaux. On notera donc que n’existent pas à proximité immédiate de ces deux sites de resto U ou de logement U. Mais surtout aucun de ces sites n’est doté d’un amphi, (celui de la place Jourdan, siège de la CCI, dépanne).

Des raisons pour un regroupement et un transfert à Marceau.

La CCI est ainsi dans un double contexte :

  • de locaux mal adaptés,
  • de nécessité de gagner des « parts d’attractivité » et monter « en gamme » dans la hiérarchie des réputations.

En 2019, le directeur général de la CCI, Jean-Claude Martins-Aires, a l’idée d’un regroupement et d’une installation des cinq écoles de la CCI sur l’espace caserne de Marceau. Le projet est mis en lumière, en décembre 2019, par le Maire, qui s’y montre très favorable. Le regroupement à Marceau de ces écoles était déjà évoqué en 2019 même si les bâtiments envisagés n’ont jamais figuré dans aucun des deux plans présentés au public.

À deux reprises en 2021, la direction de la CCI répondait à la demande du Collectif Marceau en lui présentant, précisant et actualisant son projet.

De son côté, le maire nous déclarait, le 23 mars 2021 :

« Pourquoi c’est important la CCI ? Parce qu’en fonction du volume qu’ils vont occuper, on va pouvoir après repositionner nos bâtiments…Je ne veux pas faire dessiner l’emprise des bâtiments et la conceptualiser sur le terrain de la caserne tant que je ne sais pas précisément comment on va valoriser l’école d’ingénieurs. Parce qu’elle est déterminante avec son volume et sa quantité. »

Émile Roger Lombertie

Le temps des études

Désormais, les phases de définition du programme, des études et des montages juridico-financiers viennent confirmer l’importance du projet.

Pour la CCI, l’installation à Marceau doit répondre à trois impératifs :

  1. regroupement et montée qualitative,
  2. meilleure image et attractivité,
  3. recentrement – intégration des étudiants et des formations au cœur de la ville–centre.

L’étude de programmation qui recense les besoins, est désormais finalisée : elle opte pour deux bâtiments sur une surface de 7 500 m² intégrant un amphi. Pour l’aspect péri-universitaire, un centre documentaire et un foyer étudiant sont prévus, mais pas de restau U, ni de résidence U.

Par rapport aux 8 000 m² actuels, l’étude montre une optimisation des surfaces et un certain niveau d‘économie d’échelle. Le chiffrage de ce programme est de 20 millions d’euros hors taxes, toutes opérations prises en compte.

De juin 2019 et décembre 2020, la CCI avait demandé à une agence d’architectes travaillant déjà pour la Ville, au titre de « Marceau réinventé », de présenter des esquisses des futurs bâtiments de formation. Deux projets seront présentés mais ne seront pas poursuivis.

Trois impératifs aussi pour le Service départemental d’architecture et du patrimoine

Parallèlement, la CCI sollicitait le Service départemental d’architecture et du patrimoine et a reçu de ce service trois impératifs à respecter dans la construction à venir :

  1. Conserver la perspective Avenue Garibaldi–Bâtiment de l’horloge. Faire qu’elle reste dégagée, visible et « lisible » aux regards.
  2. Ne pas dépasser la hauteur des B11 et B25.
  3. Aligner strictement les nouvelles constructions sur les façades B11 et B25 sans aucun débord.
La Caserne Marceau
Les nouvelles constructions ne doivent pas dépasser les bâtiments B11 et B25.

Il nous est indiqué que ces demandes sont respectées dans la programmation retenue.

La CCI se consacre désormais à la faisabilité juridico-financière du projet, avec des études commandées respectivement à la Seli et à un cabinet d’expertise comptable.

En cas de conclusions favorables, attendues en fin 2021/début 2022, la décision reviendra aux instances de la CCI et de 3iL Group. Suivrait alors la décision de la Ville et l’inscription au projet de réhabilitation de la caserne. Cet horizon se situe dans le premier semestre 2022, pour un démarrage des travaux escompté fin 2023.

Pour conclure, provisoirement

La formation post-bac deviendrait un, sinon le, marqueur essentiel de la réhabilitation de la caserne. Comment, en tant que collectif citoyen, ne pas se féliciter de cet investissement au service de la formation ?

Entre La Borie, Vanteaux, Ester, et la faculté de droit en centre-ville, ce projet représenterait un nouveau positionnement géographique de l’offre de formation. Sa traduction en termes d’aménagement du territoire urbain témoignerait d’un retour au centre, recherché au travers du seul habitat.

Selon le concept retenu, ce site de formation pourrait aussi ouvrir la voie à d’autres usages qualitatifs de l’espace, à des modes nouveaux d’interaction avec le quartier, vers la culture, les échanges de savoirs tout au long de la vie, les loisirs…

L’arrivée des écoles de la CCI enrichirait le quartier d’une carte supplémentaire, avec la possibilité de réhabilitation de logements pour les étudiants.

Attention à ne pas surestimer l’impact de cette présence étudiante sur le site. Elle devrait faire partie des questions étudiées par la CCI et la Ville. Sinon, il pourrait naître des désillusions. Mais cette situation peut être transformée en une opportunité de mutualiser plus largement. Nous savons tous par exemple qu’un amphi dédié à l’enseignement ne fonctionne pas comme une salle de concert, ou un espace théâtral. Et si on demandait à une équipe de créateurs de relever ce défi d’une forme d’agora moderne, innovante et permettant des usages variés et citoyens ?

Circulez… il y a à dire !

Les sujets de la circulation, des transports en commun et du stationnement sont intimement liés. Il n’est en effet pas possible de parler de mobilités douces sans réduire la place des automobiles, omniprésentes en milieu urbain. De plus, la Ville et la Métropole partagent des compétences qui les contraignent à des allers et retours pour aboutir à des réalisations communes.

Pour rappel :

  • La Ville vient de transformer tout le centre-ville en zone 30.
  • Émile-Roger Lombertie est signataire de la charte en faveur du vélo dans l’agglomération de Limoges portée par l’association Véli-Vélo.
  • Le projet Marceau réinventé est un écoquartier, qui doit prendre en compte quatre dimensions : démarche et processus, cadre de vie et usages, développement territorial, environnement et climat.

Trois questions en suspens :

1/ La place Marceau doit-elle rester un parking ?

Parking à ciel ouvert place de la République à Limoges
La belle époque où l’on pouvait se garer sur la place de la République. (Archives Municipales – 6Fi124)

… Ou se transformer en espace de détente et de loisir comme celles de la Motte, de la République ou encore le parvis de la cathédrale ? Plébiscitée pour son marché hebdomadaire, la place n’est qu’un parking durant les jours ouvrés, à l’instar de la majorité des places des villes françaises jusqu’à il y a peu. Le projet prévoit l’aménagement d’un mail piéton et l’idée de construire un bâtiment a également été évoquée puis révoquée. A l’heure actuelle, la place sert également au marché hebdomadaire, aux rassemblements mensuels des Rétromobiles Limousines, aux regroupements des départs et arrivées des voyages collectifs en cars et à bon nombres d’enfants et adolescents pour débuter le vélo, la trottinette ou le skateboard.

Le sort du square quelque peu abandonné est-il tranché ? (Voir notre suggestion plus bas)

2/ L’écoquartier laissera-t-il la part belle aux voitures ?

Cette maison, située à l’angle des rues Charpentier et du Chinchauvaud a été achetée par la Ville de Limoges.

Le projet prévoit la création d’une nouvelle rue, débouchant sur la place Marceau et sur celle du Chinchauvaud (au moins une maison a été achetée par la ville), la construction d’un parking silo (le second ayant été abandonné).

L’étude d’évaluation d’impact sur la santé (EIS) menée par l’observatoire régional de la santé de Nouvelle-Aquitaine sur le projet Marceau réinventé signale que « l’arrivée des nouveaux habitants, l’augmentation des activités tertiaires et l’attractivité du tiers-lieu vont accroître les flux de voitures au sein du quartier » et que « le dévoiement de la circulation autour de la place carrée augmente la circulation sur la rue Hoche et Martial Pradet ». Elle recommande de renouveler l’enquête stationnement à l’échelle du quartier pour mieux quantifier l’usage actuel et les besoins futurs et ainsi calibrer au plus juste les besoins de stationnement.

3/ La place Carnot sera-t-elle la grande oubliée du BHNS ?

Le tracé de la future ligne Nord-Sud du BHNS (en rouge).
Le tracé de la future ligne Nord-Sud du BHNS (en rouge).

Le projet de bus à haut niveau de service (BHNS) semble quelque peu à l’arrêt, reporté plusieurs fois et sus-planté dans le calendrier politique par les navettes électriques. Mais il devrait redémarrer rapidement, Limoges faisant partie des 162 villes retenues pour bénéficier de fonds de l’État pour la création ou l’amélioration des transports en commun. Sur quelle proposition ? Sur celle de la ville et de la métropole qui consiste à adopter le passage en double sens du BHNS, avec une voie de circulation automobile par la rue Armand Barbès, devant l’école Léon-Berland et un carrefour compliqué à six voies à l’angle de Barbès et Théodore Bac.

Pour rappel, la navette électrique qui a fait son apparition dans les rues limougeaudes n’est pas encore venue jusqu’à Carnot.

Nous avons également constaté sur la future carte des transports collectifs (carte interactive que nous a communiquée Limoges Métropole) qu’il n’y aurait plus de transports en commun dans la partie de l’avenue Garibaldi allant de la place Carnot au Cours Gay-Lussac. Pour cette voie pénétrante vers le centre-ville, passant devant le Centre Saint-Martial, cette nouveauté nous parait une aberration complète et nous demandons qu’elle soit corrigée.

Les suggestions mises en débat par le Collectif Marceau :

1/ Le bus à haut niveau de service (BHNS)

A contrario de la proposition de la ville et de la métropole en faveur du passage en deux voies montantes et descendantes du BHNS, plus une voie de circulation automobile par la rue Armand Barbès, nous proposons de faire passer le BHNS par la place Carnot avec un arrêt, par exemple en haut de la rue Théodore Bac (arrêt de la ligne 20 actuel) pour irriguer les halles et les avenues qui en partent et favoriser les correspondances avec la future ligne de trolley (cf plan du futur réseau).

Nous voulons souligner l’opposition de nos membres et sympathisants, ainsi que des parties prenantes de l’école Léon Berland, à un passage devant l’école, principalement pour des questions de sécurité. Attention à ne pas densifier la proximité immédiate de la caserne avec ses petites rues et carrefours accidentogènes, associés à l’augmentation de la population.

Par ailleurs, Limoges Métropole envisage un changement du sens de la circulation (voie montante au lieu de descendante) pour la rue Armand Barbès. Nous n’en comprenons pas la raison et nous demandons (aucune info à ce sujet) si cela signifie également un changement (voie descendante au lieu de montante) pour la rue Hoche. A défaut des embouteillages nombreux verront le jour place Carnot. Cette question toutefois ne se posera plus si le BHNS passe par la place Carnot.

2/ Les flux dans un lieu clos :

Comment traiter la question du lieu clos, d’un accès limité et sélectif que représente classiquement une
caserne ?

À Marceau, cette interrogation se trouve renforcée par la hauteur des murs d’enceinte (il devait être difficile d’y faire le mur !). Cette hauteur est imposée par les différences de niveau entre l’extérieur et l’intérieur de la caserne, notamment au nord et au sud. Nous proposons d’ouvrir en quasi-totalité sur la rue Armand Barbès et la place Marceau en conservant les deux pavillons d’entrée, et de créer une voie de liaison vers le quartier du Chinchauvaud à l’est, tout en pratiquant des ouvertures dans les murs au nord et au sud.

Il faut trouver l’équilibre entre deux extrêmes : un lieu clos qui favorise l’entre-soi et la gentrification et une voie d’intenses passages (sur-fréquentations entre la gare et Carnot). La solution pourrait passer par une voie douce pour piéton et vélo et une voie d’entrée-sortie automobile pour les seuls impliqués motorisés.

3/ Des aménagements :

Dans la dynamique de la zone 30 portée par la mairie, il convient de concevoir autour de la caserne un aménagement de l’espace dans lequel la priorité est donnée aux piétons et aux mobilités douces, notamment entre la voie ferrée, l’avenue du Général Leclerc et la caserne, en empêchant les voitures de couper par Armand Barbès entre Général Leclerc et Théodore Bac. Il faut développer les aménagements urbains et les espaces pacifiés favorisant la mixité des usages, notamment autour de l’école Léon Berland et la rue de Fontaury, lien vers le Grand Treuil et Chinchauvaud.

4/ Le stationnement :

Parking payant place Marceau.

Si la place des voitures doit à terme diminuer dans les rues de nos villes, se pose alors question du stationnement. Si des parkings sont créés sur le site de l’ancienne caserne et des places supprimées à l’extérieur, des compensations doivent être proposées aux actuels riverains impactés.

Nous pensons indispensable de mener une concertation sur le maintien du stationnement, en totalité ou non, sur la place Marceau. Rappelons que cette place est très utilisée en parking 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. La question doit être posée pour régler le besoin de places de stationnement dans le quartier tout en privilégiant le mail piéton qui va la traverser. Le compromis pourrait être dans la piétonnisation d’un centre de place végétalisé et le maintien de places de stationnement autour.

Concernant les halles Carnot, pourquoi laisser quelques places de stationnement juste à la gauche de l’entée (triangle entre les Halles, l’avenue Tarrade et la rue du Crucifix) ? Cet espace pourrait utilement accueillir des terrasses pour les bars/restaurants situés derrière les halles ou un espace dînatoire pour les clients des halles. La question se pose peut être aussi du maintien de la circulation de la petite rue derrière les halles (entre le bout de l’avenue Émile Labussière et l’avenue Tarrade) qui pourrait être beaucoup plus conviviale et profiterait ainsi aux commerçants des halles.

5/ Les liaisons :

Il convient de renforcer le lien entre le quartier et les parcs Victor Thuillat et Champ de Juillet par des itinéraires réservés aux mobilités douces. Le projet Marceau réinventé prévoit une piste cyclable à l’intérieur de la caserne mais rien n’est encore évoqué hors les murs. Les liens avec le Centre-Ville, le Centre Saint-Martial mais aussi le parc Beaublanc se posent également. Il est important d’anticiper l’avenir et tout cela conforterait l’idée d’une ville à la campagne.

L’atelier sur l’habitat et le logement conduit par notre collectif a révélé que l’absence de voie douce avec le campus de la Borie était un handicap pour le quartier. Nous suggérons de lancer une étude sur l’axe entre Général Leclerc et Albert Thomas, en parallèle de la voie ferrée (sauf lorsqu’elle est enterrée).

Un écoquartier, phénomène de mode ou projet réel ?

Un point de départ

En juin 2019, dans un document intitulé Marceau, vers un écoquartier, la municipalité décrivait les objectifs de son projet :

  • Insuffler une nouvelle dynamique au quartier Carnot-Marceau
  • Ouvrir la caserne sur la ville et créer des liens avec les polarités voisines (gare, Champ de Juillet, Centre Saint-Martial, Place Carnot) et au sein du quartier
  • Favoriser l’accueil de nouveaux habitants en cœur de ville, et notamment de jeunes ménages
  • Faire de ce site un véritable lieu de vie, animé, en intégrant dans sa programmation des éléments porteurs de flux et de dynamisme
  • Faire un projet économiquement viable pour la collectivité comme pour les futurs habitants

Écoquartier : Quartier d’une ville conçu et organisé de manière à minimiser l’impact sur l’environnement, dans une perspective de développement durable.

dictionnaire Le Robert

Les cinq piliers d’un écoquartier

  1. Habitations : construire des logements économes en énergie
  2. Déplacements : privilégier marche à pied, vélo et transports collectifs
  3. Déchets : réduire la quantité de déchets par le réemploi, le recyclage et la valorisation
  4. Végétaux : améliorer les espaces qui consomment le CO2
  5. Propreté et eau : améliorer la propreté et récupérer les eaux de pluie

Un label ÉcoQuartier

Depuis fin 2016, un écoquartier est certifié par un label délivré par une commission nationale dépendant du ministère de la transition écologique. Le processus de labellisation passe par une démarche contraignante et comporte 4 étapes, correspondant aux différents stades du projet : l’engagement, la mise en chantier, la livraison du projet et la vie de quartier et son amélioration continue avec et pour ses usagers.

Le projet Marceau présenté sur le site du label Écoquartier.
Le projet Marceau présenté sur le site du label Écoquartier.

Pourquoi les villes développent-elles des écoquartiers ?

Elles y trouvent une réponse à l’évolution démographique par une gamme de logements adaptés aux différentes situations et aspirations, dans un esprit d’équilibre social et transgénérationnel. En effet, au sein même d’un écoquartier, les habitants devraient avoir accès, par exemple, à une école, à une crèche, à un centre commercial, des espaces végétalisés et/ou à des lieux de culture.

Un objectif : créer une ville vivante et diversifiée.

Les 5 piliers de l’écoquartier vu par le Collectif Marceau

1/ Habitat :

Sans revenir sur ce qui est décrit dans notre chapitre concernant la construction de logements et quel qu’en soit le nombre, il conviendra qu’ils soient BBC (basse consommation). L’avenir le dira. Par ailleurs ils devront produire leur propre énergie (panneaux photovoltaïques, …).

2/ Déplacements :

Au-delà de ce qui écrit dans notre chapitre sur la circulation et les transports, il apparaît que la place accordée aux piétons et aux vélos soit bien prise en compte dans le projet de la municipalité.

3/ Déchets :

Nous voulons saluer ici le travail de nos partenaires du tiers-lieu (B25) qui œuvrent dans le domaine du réemploi et du recyclage. Cela rentre tout à fait dans ce qu’on peut attendre d’un écoquartier.

4/ Végétaux :

La proposition faite dans le projet « Marceau Réinventé » d’un mail piéton et paysager allant de Garibaldi à Chinchauvaud correspond parfaitement aux critères d’un écoquartier. Restera à surveiller ce qui sera fait pour végétaliser l’intérieur de la caserne, voire le quartier !

Les principes d’aménagement proposés par la mairie en juin 2019 avec le mail piéton (vert et jaune).

5/ Récupération de l’eau :

Nous savons qu’il s’agit-là d’une préoccupation majeure de notre maire de Limoges et n’avons par conséquent aucun doute que cela sera bien pris en compte.

Le Plan climat air énergie territorial (PCAET) de Limoges Métropole, adopté récemment, prévoit des objectifs ambitieux de réduction des consommations et des émissions. Pourquoi ne pas faire du quartier un exemple de rénovation énergétique globale de l’habitat avec un programme ambitieux ?

Une alerte toutefois (d’après l’interview d’Alain Jund, élu de Strasbourg écologiste et citoyenne, en 2011 dans la revue Espaces et Sociétés) : « L’écoquartier ne doit pas devenir un « îlot de bonheur dans un monde de brutes ». Il faut traiter simultanément la place de la voiture, les transports alternatifs, la densité urbaine, la rénovation des logements du quartier et la mixité sociale. Un écoquartier doit permettre une plus grande égalité urbaine et une ville pour tous ».

Le projet Marceau Réinventé prévoit la construction de logements de standing. Sur ce point, nous devons veiller « à ne pas reproduire l’exemple de l’écoquartier de Malmö en Suède qui est écologiquement parfait mais socialement catastrophique. Il est devenu un «écoquartier bobo», accessible aux seuls cadres supérieurs (base de la gentrification). Or un écoquartier doit promouvoir l’égalité urbaine et non la ville à plusieurs vitesses ».

Rappelons enfin que l’étape N°4 du label prévoit l’amélioration continue de la vie du quartier avec et pour ses usagers. Acteurs riverains et citoyens, nous nous affichons présents pour y prendre notre part, c’est bien là LA raison d’être du Collectif Marceau.

Quelle dimension culturelle au sein du projet pour Marceau ?

La caserne Marceau aura-t-elle une dimension culturelle ?

La dimension culturelle d’un quartier, c’est à la fois la valorisation de son patrimoine ancien et moderne, le vécu social de ses habitants (on parlera alors de cultures au pluriel) et aussi la création artistique contemporaine.

Pour le collectif Marceau, la culture, qui nourrit l’imaginaire et l’intelligence est indispensable à la démocratie. Elle contribue aussi grandement à la construction d’un véritable lieu de vie public. Certes la dimension culturelle s’exprime dans différents espaces de la Ville de Limoges mais Carnot/Marceau est plutôt dépourvu en équipements. Bref, est-il envisageable de corriger cette situation pour satisfaire les attentes des habitants et contribuer à l’attractivité du quartier ?

Le projet initial Marceau réinventé présenté par la mairie en juin 2019 fait la part belle à la dimension immobilière, au possible regroupement sur le site des écoles de la CCI, au B25, le tiers-lieu axé sur la création d’espaces collaboratifs, tout en maintenant dans un bâtiment dédié, la police municipale, le centre de supervision urbain, et divers autres services municipaux.

L’oubliée du projet

Dans ce cadre, la possible dimension culturelle du projet n’est pas évoquée. Ainsi, dans la brochure Carnet de balade remise aux publics intéressés, à aucun moment le mot culture n’est cité.

Pour autant, des actions à dimension culturelle sont menées dans la caserne, avec succès. Il en est ainsi du forum des associations (entre 2015 et 2019) et du chapiteau des Zébrures d’automne (Les Francophonies en 2019, 2020 et 2021). Avec un retour d’expériences sur l’usage de l’espace en plein air ou abrité (écuries et Pavillon de l’Horloge).

La phase des ateliers participatifs conduits par la ville, avec l’objectif « d’alimenter le travail de la Ville de Limoges par l’expertise d’usages des habitants » allait avec force exprimer des attentes.

Marceau : travail en atelier

Dans plusieurs champs de l’activité artistique et culturelle, des espoirs se font alors jour : des groupes musicaux, de compagnies de danse, de théâtre, du jeune public, amateur ou professionnel, aussi des acteurs des arts plastiques ou du patrimoine cinématographique réfléchissent à des projets plus ou moins aboutis.

Pourtant dans le même temps, le forum des associations quitte la caserne en 2020 et les Zébrures d’automne sont invités à rechercher un autre site après l’édition 2021.

Les suggestions mises en débat par le collectif Marceau :

Concert de Youmna Saba durant les Zébrures d'automne 2021.
Concert de Youmna Saba durant les Zébrures d’automne 2021.

1/ Pour l’évènementiel culturel dans la caserne, le forum des associations et les Zébrures d’automne se sont révélés des expériences positives. Les retours d’utilisation des bâtiments sont favorables. Or ces bâtiments, écuries et pavillon de l’horloge seraient destinés à la destruction (à l’exception de la façade de l’horloge). Notre suggestion serait d’orienter ces bâtiments dans une destination permanente culturelle, dans une perspective de développement des publics adultes ou scolaires (coopération privilégiée avec l’école Léon Berland et le collège Maupassant).

2/ Les bâtiments dits des écuries pourraient fonctionner sous forme d’un espace mutualisé à destination des compagnies et des groupes, principalement du spectacle vivant, professionnels et amateurs. Cela devrait permettre le travail (répétitions et représentation/concert) d’au moins deux groupes en même temps. La configuration à rechercher consisterait en deux plateaux comportant équipement de base en son et lumière, loges et dégagements. Les hangars non utilisés dans ce cadre pourraient être dédiés à des disciplines sportives ou de loisirs (arts martiaux, Qi Gong, Tai chi chuan, sports de raquettes intérieurs), en tenant compte de leurs spécificités, par exemple en termes de revêtement…)

3/ Le Pavillon de l’horloge aurait vocation à accueillir un établissement culturel, centré sur un thème ou objet unique, identifié ou aisément identifiable et susceptible de contribuer de façon significative à l’identité et à la renommée de la caserne et de la Ville. Potentiellement orientée sur des champs artistiques autres que le spectacle vivant, cette structure culturelle ne s’interdirait pas pour autant des coopérations avec d‘autres partenaires du site, ou du vaste monde.

4/ Un espace ouvert, dégagé en plein air compléterait ce dispositif de façon à accueillir des activités diverses : terrain de jeux pour enfants, panneau de basket, spectacle de rue, ciné-concert, implantation temporaire de chapiteau…

5/ Le marché, par excellence expression des cultures et de la mixité sociale (avec les Halles Carnot, la Poste, Emmaüs et l’école Léon-Berland) constitue un point central du bien-vivre ensemble. L’alimentation est affaire d’échanges, entre vendeurs /producteurs et acheteurs, entre acheteurs eux-mêmes sur leurs découvertes et autres bons plans. L’ambiance du marché contribue pour une grande part à l’atmosphère du quartier. En liaison avec les trois associations de commerçants (alimentaire bio, alimentaire et non alimentaire) des études et expériences peuvent être menées avec les services de la ville.

Les atouts actuels : expression par excellence des circuits courts, développement du cuisiner/préparer/consommer sur place, diversité des cuisines du monde peuvent enrichir la réflexion ; des tests pourraient être conduits sur le positionnement du marché dans l’espace et le temps, les possibilités du déjeuner du samedi sur place, l’innovation culinaire, par la coopération en cuisine de chefs exprimant par leurs ingrédients et leurs recettes, des revisites culinaires… Ne pas oublier aussi la mise en valeur de la gastronomie à partir des produits phare de la région, présents sur le marché mais manquant de visibilité.

Ne pourrait-on pas lancer l’idée d’une sorte d’éco-musée de la chaussure, par exemple, ou plutôt de façon plus dynamique « Naissance et renaissance de la chaussure à Limoges » ou « Tradition et modernité de la chaussure à Limoges » ? Comme cela est évoqué par ailleurs, ce quartier était industriel. Il y avait en particulier une importante industrie de la chaussure : les usines Heyraud, avenue Garibaldi mais aussi une importante unité de fabrication Rue Hoche (en face du magasin Bio), et peut-être d’autres encore (voir Renaissance du Vieux Limoges).

Le meilleur moyen de conserver un édifice, c’est de lui trouver une destination.

Eugène Viollet-le-Duc,
Dictionnaire raisonné de l’architecture française,
du XIe au XVIe siècle, 1854-1868.

Et si bien vivre le quartier passait par un habitat repensé ?

Situation et contexte

En 2008, Limoges comptait 79 369 logements pour une population de 140 138 habitants. En 2018, Limoges compte 82 320 logements pour une population de 131 479 habitants. Près de 10% des logements (17 % sur le quartier) sont vacants (source INSEE). En 10 ans, on observe donc une baisse de la population en même temps qu’une hausse des logements disponibles.

20082018
140 138 hab.131 479 hab.
79 369 logements87 320 logements
28 % de maisons27 % de maisons
72 % d’appartements73 % d’appartements
Répartitions des logements entre 2008 et 2018 à Limoges

Selon Clément Pauline, notaire à Limoges, une majorité de Limougeauds sortent du centre-ville pour changer de lieu de vie en passant d’un appartement à une maison de ville. Les Limougeauds pratiquent également l’investissement locatif. Mais ce ne sont pas les seuls : la demande est très souvent extérieure pour ce type d’investissement, ce qui peut s’expliquer par l’attractivité de Limoges, son cadre de vie, son niveau d’équipement public et surtout son marché immobilier encore accessible malgré tout. Le nombre de transactions concernant l’immobilier de confort (maison avec jardin, balcon…) est, lui aussi, en hausse.

Au final, l’augmentation des prix, tous biens confondus, serait de 12 % entre l’automne 2020 et l’automne 2021 selon l’Observatoire de l’immobilier. En un an, on constate à Limoges une augmentation de +25% pour un studio (forte demande de logements étudiants) et +10 à +11% pour une maison intra-muros.

Dans son agence Orpi à Limoges, Béatrice Loizeau note des modifications dans les demandes qu’elle reçoit, conséquences des confinements :

Critère premier : le jardin. Tout le monde veut un jardin ou un balcon. Le fameux bureau qui a manqué à tout le monde pour pouvoir télé-travailler durant le confinement est demandé. Et puis des chambres et des espaces pour autant qu’il y a des enfants dans les maisons

Béatrice Loizeau

Notre atelier sur l’habitat (voir ci-dessous) soulignait d’ailleurs le besoin de logements plus grands.

Concernant le logement social, Limoges satisfait globalement à l’obligation légale d’un total d’au moins 20% du parc immobilier. Mais ce taux est beaucoup plus élevé sur ce quartier. Un rééquilibrage sur l’ensemble de la ville est donc indispensable pour éviter qu’une étiquette « quartier à vocation sociale » lui soit attribuée en plus de « ouvrier, populaire et cosmopolite » utilisée par les agents mobiliers, ce qui a pour conséquence la dépréciation du foncier bâti.

Atelier de réflexion

Le Collectif Marceau a fait en juin dernier un atelier sur ce thème de l’habitat avec la participation d’agents immobiliers (Era et Lauraine) et d’adhérents. Il en est ressorti quelques points majeurs :

  • Le besoin d’un immobilier diversifié (appartements avec balcon, maisons avec jardin) accessible à des couples retraités comme à des jeunes couples avec enfants se lançant dans la vie.
  • La nécessité d’améliorer l’habitat vétuste (dont les « marchands de sommeil » font leur miel) dans certaines rues délaissées en prenant appui sur les propriétaires de bonne volonté (mais parfois découragés).
  • Prendre en considération les conséquences positives et/ou négatives du cosmopolitisme actuel du quartier sur les commerces avec l’objectif d’un meilleur équilibre rétablir entre les divers types de
    commerce (mesure urgente).
  • Prendre en compte l’arrivée probable des cinq écoles de la Chambre de Commerce et d’Industrie (nombre d’étudiants variant du simple au double selon les sources) au sein de l’ancienne caserne dans le cadre du projet « Marceau réinventé ».

Propositions

Sur le quantitatif

Construction d'un immeuble de logements collectifs par Limoges Habitat, avenue Émile-Labussière.
Construction d’un immeuble de logements collectifs par Limoges Habitat, avenue Émile-Labussière.

Le projet initial présenté par la mairie en 2019 annonçait un programme de 350 logements neufs. La prise en compte des conséquences de la vie en confinement (maisons avec jardin, par exemple) a conduit la mairie à réduire la jauge. Nous n’avons rien de précis à ce sujet mais nous avons entendu le chiffre de 270.

Mais, et nous l’avons vu plus haut, le besoin de constructions neuves ne parait pas flagrant, considérant que le nombre de logements augmente alors que la population diminue année après année. Plusieurs programmes de logements sociaux vont être livrés prochainement au bas de l’avenue Labussière ou bien être lancés prochainement dans le quartier.

Plus important, il est essentiel et nécessaire que le projet de réhabilitation de la caserne ne se résume pas qu’à un vaste programme immobilier. Nous demandons que le nombre de logements neufs soit encore abaissé, et significativement (une centaine maximum), afin de laisser de la place à des activités ouvertes sur le quartier, sociales et culturelles par exemple d’une part, génératrices d’emplois d’autre part. Il est essentiel que l’ancienne caserne devienne un véritable lieu de vie et non pas un vaste dortoir.

Sur le qualitatif

N’ayant aucun élément sur la répartition des logements en termes de social/privé, nous ne pouvons que supposer une répartition telle qu’évoquée dans le paragraphe « situation et contexte ». Nous imaginons que si les écoles de la CCI rejoignent le site un besoin en logements étudiants se fera sentir. Cette situation est attendue par les agences immobilières que nous avons sollicitées, du fait de disponibilités dans ce sens au sein de leurs portefeuilles actuels sur le quartier.

Enfin, combien de logements construits seront « de confort » ou « de standing », ainsi que l’annonçait la mairie ? Autant de questions encore sans réponses à ce jour !

Sur le fond

Au regard du résultat à notre enquête du dernier trimestre 2020 sur la construction de centaines de logements neufs dans l’ancienne caserne, nous devons rappeler que 88,3 % de nos adhérents et sympathisants y étaient opposés. Ils considéraient que les efforts devaient se porter plutôt sur la rénovation des logements existants. En effet, la réhabilitation de la caserne Marceau ne peut s’envisager sans prise en compte de son intégration dans le quartier. Cela doit se traduire par un plan volontaire de réhabilitation de l’ancien, plan qui contribuerait à l’amélioration de l’image du quartier et à son attractivité.

La remise sur le marché des logements vacants — pour rappel 17 % sur le quartier — (en lien avec les rénovations précitées) pourrait également être un exemple d’économie de foncier à l’heure où la loi climat et résilience exhorte les collectivités à réduire d’au moins 50 % leur consommation d’espace d’ici 2030 et à tendre vers un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN). Là aussi la ville et Limoges Métropole pourraient faire du quartier un laboratoire et un exemple de préservation des espaces naturels.

Rappelons pour finir ce que disait Vincent Léonie, adjoint en charge de l’urbanisme, début 2021 :

Les habitants du quartier sont très attentifs à ce projet qui va ouvrir la caserne sur la ville. Nous voulons qu’ils se l’approprient, c’est pourquoi nous ne faisons pas n’importe quoi car nous voulons qu’il corresponde à l’attente de la population.

Vincent Léonie

Chiche ! Les habitants vous tendent la main.

Quel témoignage du passé dans l’avenir de la caserne ?

Un contexte historique : le quartier Carnot/Marceau est profondément marqué jusque dans son architecture par son passé militaire et ouvrier. Mais n’oublions pas que le passé militaire est plutôt un passif lourd à porter avec le terme « limoger » désormais utilisé dans le langage courant.

Éléments factuels

La sauvegarde du patrimoine militaire peut contribuer à la mise en perspective du temps, à la fourniture de repères historiques et territoriaux et au renforcement d’une relation affective de la population avec son patrimoine.

Dans une première enquête en décembre 2019 puis une seconde en décembre 2020, les adhérents et sympathisants du Collectif Marceau se prononçaient à respectivement 72 % et 91 % pour la conservation de l’existant. Il est à noter que c’est en cohérence avec l’avis de l’architecte des Bâtiments de France. Il l’a exprimé en décembre 2015 dans son document de permis de démolir (n° PD 87085 15D0014) indiquant ce qu’il était possible ou non de démolir. Nous avons demandé copie de ce document au service de l’urbanisme et l’attendons, mais nous avons pu le consulter.

Une hérésie financière et écologique

Dans un article de Télérama de novembre 2019, les architectes C. Leconte, E. Thorsen et P. Chemetov titraient « Raser pour reconstruire, une hérésie financière et écologique ». Selon eux, détruire est :

  • un échec social (perte d’appropriation et d’attachement à son quartier),
  • un échec culturel (conséquence de la destruction du patrimoine),
  • et un échec écologique (quantité de déchets et gravats à traiter).

Ils considèrent qu’il faut se dresser contre le « tout béton », restructurer l’existant, réparer la ville, donner un visage à l’ordinaire… le valoriser. Et ça coûte moins cher !

Nos suggestions

Comme les architectes cités ci-dessus, nous voulons valoriser l’existant. Nous pensons essentiel de préserver le patrimoine d’origine en créant un maximum d’espace à vivre dans un esprit de respect, de solidarité et de convivialité. Nous croyons en l’alliance du moderne et de l’ancien, réussite constatée dans nombre de réhabilitation d’anciennes casernes d’autres villes françaises.

L’ancien manège de cavalerie rue Armand Barbès qui intègre des logements.

Pour exemple, il est techniquement possible de conserver les anciennes écuries en leur donnant une vocation culturelle : lieu d’exposition (artistes locaux, muséographie de l’histoire militaire et ouvrière du quartier à destination des écoles, habitants et touristes), d’activités musicales, théâtrales et/ou sportives tout en construisant deux ou trois niveaux de logements au-dessus. Un exemple semblable d’emboîtement existe en continuité immédiate de la caserne avec l’ancien manège de cavalerie rue Armand Barbès qui intègre des logements. Nous savons être en phase avec Renaissance du Vieux Limoges (RVL) sur ce sujet.

L'un des pavillons d'entrée avec le B11 en fond.
L’un des pavillons d’entrée avec le B26 en fond

Fort de ce constat et de l’avis de ses membres, le Collectif Marceau propose que soient conservés, en plus des anciens bâtiments de casernement B25 (tiers-lieu à vocation économie sociale et solidaire et développement durable) et B11 (accueil de la police municipale et de divers services municipaux), les anciennes écuries et le pavillon de l’horloge. Qui plus est que ces bâtiments sont plus significatifs de l’architecture militaire que les seuls B25 et B11.

Dans cet objectif, nous souhaitons que le promoteur immobilier choisi pour la construction de logements soit contraint par un cahier des charges garantissant la préservation de ce patrimoine, trace de son histoire et propriété de la ville et de ses habitants. Pour autant, nous ne sommes pas certains que les habitants de Limoges se reconnaissent dans le passé militaire, peut-être simplement par méconnaissance de leur histoire.

L’entrée de la caserne Marceau avec ses deux pavillons

Par ailleurs, qu’en est-il des ouvertures dans le mur d’enceinte et sur la rue Armand Barbès, tout en conservant les deux pavillons d’entrée ? Comment est garantie la perspective avenue de Turenne/Chinchauvaud ? Que devient la place Marceau (recherche d’équilibre entre besoin de stationnements, développement des mobilités douces et végétalisation du site) ?

Enfin, comment trouver l’équilibre entre deux extrêmes, un lieu clos qui favorise la gentrification, et un espace pratique de traversée entre la gare et Carnot ? La solution passerait-elle seulement par une voie douce, pour piétons et vélo, et une voie d’entrées /sorties pour les seuls résidents motorisés ?