Atelier architecture, 8 mars 2022

Atelier architecture du Collectif Marceau avec Olivier Chadoin, 8 mars 2022

Le mardi 8 mars, 23 adhérents du Collectif Marceau qui le souhaitaient se sont retrouvés à l’hôtel Le Marceau pour rencontrer Olivier Chadoin, professeur en sociologie des architectes, maître de conférence à l’ENSAP de Bordeaux. Nous l’avons écouté présenter les enjeux et les problématiques que l’on rencontre lorsqu’une ville réaménage un site en friche, cas fréquent depuis 2009.

Cette rencontre s’est révélée très intéressante et a donné lieu à un échange entre les habitants de notre quartier et Olivier Chadoin.

Ce qu’on a appris : faisons le point !

En France, comme ailleurs, les 600 sites et 6000 hectares de friche proviennent de la démilitarisation et de la désindustrialisation. En Europe, un des premiers exemples de site réaménagé réussi est celui de Bilbao : basé sur un bâtiment signe et de la culture : le Musée Guggenheim. D’autres sites sont exemples de réussite : Grenoble et sa caserne de Bonne, les Haras de Strasbourg… Citons enfin les quatre piliers de l’urbanisme actuel : une ville Verte, Mobile, Sûre, Participative !

Centre commercial de la caserne de Bonne à Grenoble
Centre commercial de la caserne de Bonne à Grenoble. Milky, Public domain, via Wikimedia Commons

Plusieurs questions se posent dès le départ car plus le lieu est grand , plus d’envies sont fantasmés par les habitants alors qu’il faut réfléchir à une cohérence d’ensemble.

  • La croissance : le lieu est-il déjà attractif ? Ou doit-on le rendre attractif ?
  • Est-ce qu’il y a un projet long ? ( ex de Grenoble : 15 ans)
  • De quelle surface dispose-t-on ? Le lieu est-il une enclave ? Est-il dans un projet de quartier ? En lien avec un projet de ville ? Comment s’articulent les deux ?

A Marceau, le projet d’accueillir 270 foyers semble énorme et va beaucoup changer le quartier. L’articulation projet de quartier/ de ville n’est pas évident… L’attractivité du tiers lieu peut-elle suffire dans la mesure où il y aura beaucoup d’associations et pas d’investissement de la ville ?

Quelques constats : Libourne, ville moyenne en perte d’attractivité possède un bâtiment classé. Le montage prévu (le financement est un point de vigilance très important) a échoué. La réalisation de plusieurs événements sur site n’a pas permis la réappropriation du site par les habitants. Aujourd’hui, c’est une enclave de luxe qui a été réalisée, qui n’est pas tournée vers la population. A Bordeaux, le Ginko, écoquartier, est qualifié de « Réserve d’indiens ».

La participation est toujours un point compliqué : Jusqu’où aller ? Sur quoi porte-t-elle ?

À quel moment a-t-elle lieu ? L’échelle d’Arstein montre l’amplitude : information / consultation / concertation / partenariat / délégation de pouvoir.

Notons un point très positif à Limoges : plusieurs acteurs communiquent avec la Mairie : le B25, le Collectif Marceau, Renaissance du Vieux Limoges, le Comité de quartier .

L’urbanisme néo-libéral : il est basé sur la négociation. Un architecte coordonne un plan d’ensemble souple et adaptable aus souhaits des opérateurs privés. L’espace public est souvent financé par la vente de terrains. Il est donc étudié dans un second temps, ce qui, par exemple à Bordeaux, a eu des conséquences : le quartier des bassins d’eau regorge de logements mais l’attractivité a baissé car les équipements publics n’ont pas suivi ( piscine, tram…). Au contraire, l’Arsenal de Brest qui est dédié au public est une vraie réussite. Souvent le site se développe dans un modèle intermédiaire : par exemple avec un tiers lieu levier d’activités. D’autres modèles s’appuient sur la culture. D’autres encore choisissent le transitoire : faire d’abord revenir des usages, construire un collectif, voir peu à peu la potentialité du lieu ( Ex de la caserne Niel à Bordeaux, alias Darwin, ou de la Belle de Mai à Marseille). Cependant, ce modèle a ses limites : à Paris, Les Grands Moulins sont si attractifs que les collectivités veulent récupérer leurs terrains. Cela entraîne parfois aussi la gentrification.

Constatons que le succès, par exemple à Grenoble, provient d’un investissement public fort, et d’un architecte qui a une bonne compréhension de la ville.

Atelier architecture
Atelier architecture du Collectif Marceau avec Olivier Chadoin, 8 mars 2022

Concluons

Cet échange a le mérite d’enrichir notre réflexion et soulève de nombreuses questions quant à la caserne Marceau que nous aurons le temps d’aborder à nouveau ensemble. Nous remercions vivement Olivier Chadoin, tous nos adhérents qui se sont déplacés et l’hôtel Marceau qui nous a accueillis et hydratés .