Retour sur l’atelier n°2 sur la création d’un tiers-lieu à Marceau

Mercredi 7 octobre 2020, « Le Théodore d’Adèle », 18h30-20h30.

Présents du Collectif Marceau (CM) : Elisabeth Thomas, H. Sylvestre, Mr et Mme Callendreau, Clémence Boyer, Cynthia Tonnerre, Victor Lécrivain, IC, BV, AR, DB, YL. S’y ajoutent, du « Bâtiment 25 », Jérémy et Sandra Le Berre.
Animation : Isabelle, Yvon

L’atelier s’est déroulé en quatre temps : L’objectif du Collectif Marceau / L’annonce du Tiers-Lieu / Une définition du Tiers-Lieu avec des exemples régionaux, en particulier bordelais / Le travail de réflexion en groupe sur de possibles contenus du futur TL et restitution « subjective – synthétique ».

A/  L’objectif fondateur du collectif

Observer et alerter, s’informer et informer, motiver et mobiliser au sujet du quartier Carnot-Marceau (Champ de Juillet – Thuillat – Gare des Charentes –Chinchauvaud, les deux théâtres) et de son devenir actuel suite au projet municipal 2019 « Marceau réinventé » incluant la destruction de la caserne XIX°, la  libération de 40 000 m2, leur vente à des promoteurs immobiliers (logements, maisons, parkings, espaces, rues, Ecole CCI…). Le CM a pour ambition de s’intéresser à :

  •  l’urbanisme dont fait partie la réhabilitation des logements anciens, l’aménagement des rues et des trottoirs, les perspectives, l’esthétique générale ;
  • l’environnement : le projet d’un éco-quartier ;
  • la vie économique : les mutations commerciales et du marché, le réseau des ateliers artisanaux et des services…  Un cas spécifique : dans le prisme des « cuisines du monde », les restaurants « ordinaires », les bars « à chichas », les produits « halal », les petites boutiques ethniques de proximité (enquête d’Antoine et Denis) ; 
  • la vie collective, c’est-à-dire faire société dans un quartier caractérisé par :
  • La présence ancienne d’un groupe important de limougeauds de souche, propriétaires de leurs logements, qui observent « avec angoisse » les mutations socio-démographiques de « leur » quartier (s’enferment…);
  • l’installation relativement récente de ménages (environ 35-55 ans, indépendants, artistes, libéraux, fonctionnaires d’Etat et territoriaux, travaillant dans la ville et l’Agglo), propriétaires de logements anciens, qu’ils ont parfois réhabilités eux-mêmes ;
  • l’arrivée relativement récente de communautés ethniques immigrées et/ou réfugiées, issues d’Europe centrale, d’Afrique, du Proche et Moyen Orient -, d’où  le brassage des classes d’âge et la coexistence de différentes nationalités. L’Ecole Léon Berland est un bon indicateur = 20-25 nationalités différentes d’enfants y étudient, mais le « primaire » à Limoges est marqué par l’absence de carte scolaire, d’où stratégies parentales des classes moyennes « par évitement », « par calcul » et… « coûteuses ».

Les trois points ci-dessus sont évidemment interdépendants (et ils sont sur certains points en tension « dialectique »). L’objectif du CM est

  • d’en observer les évolutions spécifiques, matérielles et sociales, économiques et démographiques, culturelles et associatives, et, pour tout dire : visibles et souterraines ;
  • d’en regarder les originalités, grâce, par exemple, à l’opération du printemps et de l’été 2020 « Mon marceau à moi » (Marie, Bernard, Laurent), par le biais de deux sondages sur les opinions et les aspirations des habitants (Isa, Yvon, David), par l’étude des aspects socio-historiques et patrimoniaux de l’ancien monde ouvrier et de la vie militaire (Simonet, Toulet, Denis…)  
  • d’organiser des ateliers sur six thèmes précis (voir invitation et calendrier diffusés par Antoine) ;
  • de lancer une « feuille d’infos », sorte de gazette du quartier (Bernard, Laurent)
  • d’envisager d’ores et déjà plusieurs partenariats : le Collectif B25 chargé du Tiers-Lieu, le théâtre de l’Union, d’autres à venir… (Isa, Denis, Bernard) ;
  • de réfléchir au lancement de plusieurs opérations destinées à faire se rencontrer les habitants et à nous faire re-connaître comme association « de lien social » : frairie, vide-dressing et vide –grenier, repas de quartier, exposition des artistes-créateurs (plasticiens comme Romain, Elisabeth Thomas et le groupe « les Empêchements », designers comme Marie, céramistes comme Clémence et Cynthia, musiciens comme Bernard, photographes, graveurs…), etc.
  • de débattre sur leurs finalités avec les élus, les experts en urbanisme, les décideurs de tous ordres… Une rencontre a déjà eu lieu en mars et juin 020 avec les candidats aux élections municipales… Les liens avec la presse locale et régionale, « Popu », TV7 Bordeaux, se font plus insistants (David, Laurent, Bernard, Yvon, Denis). En somme, le dialogue est ininterrompu sur tous les sujets inhérents à la vie du quartier… Le CM répond toujours : présent ! 

B/ Annonce en Juin 2019

Le B25 est chargé par la mairie depuis un an et demi environ de concevoir un futur Tiers-Lieu (TL) dans le Bâtiment 25 de la caserne (ancienne armurerie…). Il annonce qu’il prépare une  grande journée de présentation et d’exposition pour le 10 octobre 2020.

En tant que Collectif Marceau et soucieux de prendre en compte la multi-dimensionnalité du quartier, nous nous considérons comme impliqués de facto dans l’établissement des relations entre le futur TL et la vie du quartier : nous considérons que le TL doit être un pôle d’attraction pour les jeunes entrepreneurs, tous ceux qui désirent « faire », entreprendre, s’associer, se lancer dans… Il doit être par conséquent un facteur de développement,  tout en préservant le tissu économique déjà actif, par exemple, sans exacerber outre mesure la concurrence entre les services de restauration du TL et ceux du quartier….(se rappeler la vive réaction de Maria à l’annonce spontanée par l’un des participants d’une… future brasserie interne au TL !).

Comme CM, nous nous interrogeons : quelle sera notre future participation à cette réalisation ? Comment pourrons-nous en faire partie en tant qu’association ? Quelle « pierre » spécifique apporterons-nous à cet édifice ?

C/ Quelques définitions et exemples

  • Un TL : Espace de travail collaboratif et coopératif. Naissance de projets et pépinière d’expérimentations, de transferts de technologies / Multiplicité des thèmes et des contenus : l’ouverture sur la ville, l’auto-formation, l’autogestion et la flexibilité sont constitutives du TL.
  • Triple condition d’une existence active du TL :
  • Produire de la richesse, de la plus-value. Le TL doit « gagner sa vie » ;
  • Coopérer et se solidariser dans les coups durs et les crises ;
  • Se lier à la vie du quartier par les services offerts, mais sans mettre en péril son économie déjà active
  • Les exemples (voir le document très précis d’Isa) :
  • Bordeaux, caserne Niel et Darwin
  • Limoges et ses TL à finalité spécifique sur la ville et sur la périphérie (st Léo, Aixe…).
  • Autres exemples

D/ Travail de groupe. Restitution des points de vue :

Intervention de Jérémy (organisateur de concerts) et de Sylvie (permanente assoc.), coordonnateurs du TL,  sur la préparation du 10 octobre. Jérémy insiste sur la FAISABILITE d’un tel projet : les 700 000 euros, les 3,5 milliards… D’où, pour qui, pour quoi, qui gère ? Sylvie, de son côté, décrit la démarche d’une entreprise sociale et de partage (« Détachez-moi ça »).  Puis viennent les propositions des petits groupes de travail à partir des huit « items » photocopiés et distribués. J‘ai essayé de tracer ma route à travers la forêt des points de vue dont beaucoup se superposent :

  • Culture : le conte, les clubs théâtre, les clubs d’échecs, les assoc. musicales…
  • Sport : pôle sportif avec salles de réunion et de formation / assoc. sportives des collèges / Gym douce, yoga, Ji Qong, Méditations, Sophro…
  • Échanges : Recyclerie avec dépôt-vente, le « SEL », « les « Tontines », services d’aides à la personne, groupe de santé, groupes de parole…
  • Intégration : Potager, Jardins partagés, « Prends ton goûter et fais tes devoirs », atelier création bijoux et céramiques / écriture et langue étrangère / maquillage / cuisine / couture / musique / soutien scolaire… Participation des étudiants…
  • Co-Working : Location d’espaces de travail (prix, durée…) pour entreprises, services, assoc.
  • Lieux et équipements : Halles (apéro)  /  four céramique / Lieux d’expo pour les artistes / Studio de musique / Boutique des produits locaux, créations porcelainières et céramiques, chaussures Weston, bref choses « luxueuses »
  • Espaces verts : classe verte et  permaculture /« On se promène et on paie son bouquet »
  • Salles de spectacle : rencontres d’équipes et de clubs de théâtre (écoles, collèges, facs…) : impros et classiques

Conclusion. Opinion générale : Attention de ne pas fabriquer une « ville fortifiée » dans TL ! Le quartier est « poreux », lui garder cette porosité… Oui à un « espace hybride » ! Oui à une image « moderne » de l’économie limougeaude ! S’agit-il d’une nouvelle économie ?

Rendez-vous à la mairie du 23 mars 2021

Lundi 23 mars, à notre demande, une délégation de notre collectif a rencontré monsieur le maire de Limoges, les adjoints chargés des problèmes urbains et les représentants des services de l’urbanisme, au sujet de l’évolution du projet Marceau réinventé. Après un exposé du maire, nos questions ont porté sur deux aspects : rénovation et / ou réhabilitation de la caserne et mutations à venir du quartier Marceau-Carnot.

A. La caserne

Ce qui doit être construit, ce sont deux bâtiments pour les écoles de la CCI ainsi que leur amphithéâtre (autour de 800 étudiants dont une part importante est en alternance). La construction d’une arche n’est plus à l’ordre du jour. Le plan d’aménagement est conditionné par le bouclage – prévu pour juin – des études de faisabilité menées par la CCI.

Ce qui doit être détruit : les anciennes écuries et le bâtiment à l’arrière de l’horloge, à l’exception de sa façade qui, à la demande de l’association Renaissance du Vieux Limoges et de l’ABF, sera conservée « pour retrouver l’ancienne perspective avec l’avenue Garibaldi ». Sur l’espace laissé vide par ces destructions, des logements « hauts de gamme » seront construits. Leur nombre s’établit aujourd’hui autour de 270.

Ce qui est en cours : les travaux préalables de désamiantage du B25 en vue de l’installation du tiers-lieu. Ce premier chantier est moins coûteux que prévu, environ 45 000 € sur les 700 000 € annoncés de l’État et de la collectivité.

Ce qui est conservé : le B24. Il continuera à abriter la police municipale, ainsi que, dans les étages supérieurs, les services de la supervision.

B. Le quartier

Le maire envisage un déplacement de la partie alimentaire du marché dans la caserne. Question en suspens : comment cette nouvelle installation sera-t-elle possible une fois les deux bâtiments de la CCI construits ?

Au sujet de la création du BHNS (18 m de long), le maire considère qu’il faut revoir le projet à la baisse en raison de son coût exorbitant pour la collectivité. La ligne « orange » nord–sud serait la première réalisée. La ligne « bleue » est–ouest, cadencée ensuite, fonctionnerait pour un temps en mode « trolley amélioré ». Le maire en attend une fréquentation accrue d’usagers. Tous les bus seront équipés de caméra en vue de « lutter contre les incivilités ».

Le quartier Marceau-Carnot est déjà en opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH). Le fait d’activer ce plan permettra que « l’on en finisse avec l’habitat indign e». Sans donner de précision sur les rues concernées et sur son calendrier, le maire ajoute : « s’il le faut, on forcera la main aux propriétaires ».

La volonté de la municipalité est que le futur éco-quartier prenne forme : production propre d’électricité, modalités de récupération de l’eau (de pluie…), création de jardins partagés, verdissement des places à vivre, développement des pistes cyclables… Toutefois, la rencontre n’a pas apporté de nouvelles informations sur l’organisation du stationnement, sur le parking-silo et sur le passage vers la rue du Chinchauvaud. Enfin demeurent des incertitudes sur l’opération architecturale du projet, sur sa faisabilité opérationnelle et sur son agenda. En conclusion, le maire s’est félicité de voir se concrétiser notre partenariat.

Quelques informations sur nos activités associatives en cours :

  • une enquête sur les deux écoles Léon Berland et sur leurs initiatives pédagogiques ;
  • une consultation de l’état du marché immobilier auprès des Agences bancaires du quartier ;
  • la préparation de quatre ateliers : le premier sur les transports et la circulation, le second sur l’habitat et le logement, le troisième sur la mixité sociale, le dernier sur le futur écoquartier. Nous vous en donnerons les dates en fonction de l’évolution de la pandémie ;
  • le projet – à court ou à moyen terme selon la situation – d’une animation festive-artistique en week-end, dans la caserne.