CCI, des écoles à l’étude !

La CCI de Limoges et de la Haute-Vienne

Mise à jour (15 février 2022) : La CCI prolonge l’étude en cours, notamment financière, jusqu’au deuxième trimestre 2022. Afin de disposer des comptes de la chambre au terme de l’exercice 2021 et aussi d’apprécier les ressources possibles, pour les années à venir.

Faisons les présentations

La galaxie de formations de la chambre de commerce et d’industrie de Limoges et de la Haute-Vienne n’est pas facile à appréhender. Elle couvre des domaines aussi divers que l’informatique ou la gestion de personnel, en passant par les métiers de l’immobilier, de la banque, de la distribution, ou de la sécurité. Elle peut être en formation initiale ou continue, en alternance ou pas, de durée d’un an à cinq ans, avec des stages obligatoires, à l’étranger parfois, en validation des acquis de l’expérience(VAE), etc.

Elle prépare une vingtaine de diplômes différents reconnus par l’État.

Les activités de formation de la CCI s’exercent au travers de deux entités :

3iL Groupe, dont le pivot est l’école d’ingénieurs du même nom :

  • 3iL, Institut d’Ingénierie informatique de Limoges, avec deux autres écoles, aux effectifs plus modestes,
  • ISFOGEP, Institut supérieur de formation à la gestion du personnel
  • ESSEL, École supérieure de la sécurité et de l’environnement

CCI Formation (également désigné, le campus consulaire), et ses deux écoles professionnelles supérieures :

  • ESCS, École supérieure de commerce et des services
  • ISIH, Institut supérieur de l’immobilier et de l’habitat
Carte des écoles de la CCI à Limoges.
Carte des écoles de la CCI à Limoges.

La réputation des différentes filières n’est pas égale. La compétition pour obtenir la meilleure qualité de résultats (et les moyens qui vont souvent avec) est rude entre les écoles au plan national (comme au plan mondial). Les classements opérés par différents structures et médias désignent un positionnement relatif très présent dans l’esprit des étudiants et des enseignants. Ces classements sont fortement intégrés par les étudiants dès la fin des études secondaires, et la hiérarchie se manifeste bien avant l’intégration des écoles par l’inscription selon des groupes de concours communs.

Pour les écoles d’ingénieur, la commission du titre de l’ingénieur (CTI) joue un rôle d’évaluation, de validation et de recommandation. Son dernier rapport sur 3iL est tout récent puisqu’il date d’avril 2021. Il exprime en conclusion le diagnostic suivant :

« 3iL Limoges est une école bien ancrée dans son environnement socio-économique… Elle bénéficie d’une bonne visibilité régionale mais aussi nationale…

L’implication des enseignants-chercheurs dans les activités de recherche et l’exposition à la recherche de tous les élèves restent un point d’attention, que devrait contribuer à améliorer le projet de création d’un laboratoire de recherche interne à l’école.

École de taille humaine, 3iL peut assurer un suivi et un accompagnement efficace de ses élèves et de ses diplômés. Elle développe une formation répondant aux besoins immédiats des entreprises locales et même au-delà du bassin régional.

Réactive, l’école est dans une bonne dynamique et le climat positif qui règne au sein de l’école va lui permettre de mettre en œuvre ses différents projets de développement.»

Rapport de la CTI

Et faisant écho à ce que nous évoquions précédemment, la CTI pointe au chapitre des risques : « La concurrence liée aux nombreuses formations d’ingénieurs dans ce domaine. »

Les effectifs des formations appelées au regroupement sur Marceau :

Selon les sources, les effectifs étudiants pour les 5 écoles varient de 700 à 1 400. Cela pourrait être anecdotique, mais nous paraît surtout indiquer combien ce chiffre d’étudiants suscite des interrogations sur l’effet, l’impact du transfert.

Nous nous sommes rapprochés à nouveau de la CCI pour caler des données autorisées de la population
étudiante à Limoges. Vous les trouverez, synthétisés dans le tableau ci-dessous :

ÉcolesDominantesLieuxEffectifs% d’alternanceRythme d’alternance
ISHIImmobilierLebon100 %2 sem / 1 sem
ESCSCommerce, distributionLebon100 %2 sem / 1 sem
Total CCI Formation450
ISFOGEPRelations humainesSainte-Anne100100 %2 sem / 1 sem
ESSELSécuritéSainte-Anne30
3ILIngénierie informatiqueSainte-Anne43045 %30 % entreprise
Total 3IL Groupe560
Total 5 écoles1 010 élèvesenv. 700 alternants

Ceci fait, il faut se demander le nombre d’élèves sous statut d’alternant et le nombre d’élèves sous statut d’étudiants. Pour ensuite aborder l’autre dimension du sujet, les rythmes de formation, de cette vie universitaire tout court, avoir une mesure du temps passé dans l’entreprise aussi bien par les apprentis que par les étudiants en stage.

Selon les filières, la part de la formation hors sites limougeauds évolue entre 30 % et 70 %. Sous les formes les plus diverses : contrat d’apprentissage, stage alterné ou semestre à l’étranger, formation déportée dans d’autres écoles partenaires… Sans compter une tendance forte à l’augmentation du virtuel au détriment du présentiel dans les formations post-bac.

Au final, on ne doit pas être loin de la réalité en affirmant qu’en moyenne lissée, hors période de congés, l’effectif étudiant est en dehors de Limoges au moins deux jours par semaine. Soulignons enfin pour compléter le tableau que la population étudiante de ces 5 écoles est globalement à plus de 50 % originaire du Limousin et des départements limitrophes.

Derrière ces chiffres, c’est l’impact de cette implantation sur le quartier et sur la vie même de la caserne, sa capacité de dynamisme, qui se jouent.

L’état des lieux (des locaux…)

3IL école d'ingénieur
3IL école d’ingénieur, rue Sainte-Anne.

3iL Groupe est une association hébergée dans des bâtiments rue Sainte-Anne loués à leur propriétaire, la CCI, pour 5 400 m2 sur 8 700 m². Même si le bâtiment a fait l’objet d’une rénovation en 2020, il comporte beaucoup de surfaces perdues. Selon la CTI, il « ne permet pas, en l’état, d’augmenter les effectifs de 3iL ». Pour mémoire, sur les cinq dernières années, le nombre total d’élèves a augmenté de 30% en cycle préparatoire et de 22% en cycle ingénieur.

Les locaux du campus consulaire ont été achetés par la CCI en 2013, dans un montage financier courant jusqu’en 2027/2028. Avec un coût d’achat et d’aménagement qui ressort à 2,9 M€. Ils occupent selon les données de la chambre régionale des comptes, 2 600 m² sur 4 400 m² (le reste principalement en location). La vétusté des lieux, l’incommodité des petites salles… sont préjudiciables aux études.

Comme Sainte-Anne, les locaux sont excentrés sans bénéficier des services d’un campus comme La Borie ou Vanteaux. On notera donc que n’existent pas à proximité immédiate de ces deux sites de resto U ou de logement U. Mais surtout aucun de ces sites n’est doté d’un amphi, (celui de la place Jourdan, siège de la CCI, dépanne).

Des raisons pour un regroupement et un transfert à Marceau.

La CCI est ainsi dans un double contexte :

  • de locaux mal adaptés,
  • de nécessité de gagner des « parts d’attractivité » et monter « en gamme » dans la hiérarchie des réputations.

En 2019, le directeur général de la CCI, Jean-Claude Martins-Aires, a l’idée d’un regroupement et d’une installation des cinq écoles de la CCI sur l’espace caserne de Marceau. Le projet est mis en lumière, en décembre 2019, par le Maire, qui s’y montre très favorable. Le regroupement à Marceau de ces écoles était déjà évoqué en 2019 même si les bâtiments envisagés n’ont jamais figuré dans aucun des deux plans présentés au public.

À deux reprises en 2021, la direction de la CCI répondait à la demande du Collectif Marceau en lui présentant, précisant et actualisant son projet.

De son côté, le maire nous déclarait, le 23 mars 2021 :

« Pourquoi c’est important la CCI ? Parce qu’en fonction du volume qu’ils vont occuper, on va pouvoir après repositionner nos bâtiments…Je ne veux pas faire dessiner l’emprise des bâtiments et la conceptualiser sur le terrain de la caserne tant que je ne sais pas précisément comment on va valoriser l’école d’ingénieurs. Parce qu’elle est déterminante avec son volume et sa quantité. »

Émile Roger Lombertie

Le temps des études

Désormais, les phases de définition du programme, des études et des montages juridico-financiers viennent confirmer l’importance du projet.

Pour la CCI, l’installation à Marceau doit répondre à trois impératifs :

  1. regroupement et montée qualitative,
  2. meilleure image et attractivité,
  3. recentrement – intégration des étudiants et des formations au cœur de la ville–centre.

L’étude de programmation qui recense les besoins, est désormais finalisée : elle opte pour deux bâtiments sur une surface de 7 500 m² intégrant un amphi. Pour l’aspect péri-universitaire, un centre documentaire et un foyer étudiant sont prévus, mais pas de restau U, ni de résidence U.

Par rapport aux 8 000 m² actuels, l’étude montre une optimisation des surfaces et un certain niveau d‘économie d’échelle. Le chiffrage de ce programme est de 20 millions d’euros hors taxes, toutes opérations prises en compte.

De juin 2019 et décembre 2020, la CCI avait demandé à une agence d’architectes travaillant déjà pour la Ville, au titre de « Marceau réinventé », de présenter des esquisses des futurs bâtiments de formation. Deux projets seront présentés mais ne seront pas poursuivis.

Trois impératifs aussi pour le Service départemental d’architecture et du patrimoine

Parallèlement, la CCI sollicitait le Service départemental d’architecture et du patrimoine et a reçu de ce service trois impératifs à respecter dans la construction à venir :

  1. Conserver la perspective Avenue Garibaldi–Bâtiment de l’horloge. Faire qu’elle reste dégagée, visible et « lisible » aux regards.
  2. Ne pas dépasser la hauteur des B11 et B25.
  3. Aligner strictement les nouvelles constructions sur les façades B11 et B25 sans aucun débord.
La Caserne Marceau
Les nouvelles constructions ne doivent pas dépasser les bâtiments B11 et B25.

Il nous est indiqué que ces demandes sont respectées dans la programmation retenue.

La CCI se consacre désormais à la faisabilité juridico-financière du projet, avec des études commandées respectivement à la Seli et à un cabinet d’expertise comptable.

En cas de conclusions favorables, attendues en fin 2021/début 2022, la décision reviendra aux instances de la CCI et de 3iL Group. Suivrait alors la décision de la Ville et l’inscription au projet de réhabilitation de la caserne. Cet horizon se situe dans le premier semestre 2022, pour un démarrage des travaux escompté fin 2023.

Pour conclure, provisoirement

La formation post-bac deviendrait un, sinon le, marqueur essentiel de la réhabilitation de la caserne. Comment, en tant que collectif citoyen, ne pas se féliciter de cet investissement au service de la formation ?

Entre La Borie, Vanteaux, Ester, et la faculté de droit en centre-ville, ce projet représenterait un nouveau positionnement géographique de l’offre de formation. Sa traduction en termes d’aménagement du territoire urbain témoignerait d’un retour au centre, recherché au travers du seul habitat.

Selon le concept retenu, ce site de formation pourrait aussi ouvrir la voie à d’autres usages qualitatifs de l’espace, à des modes nouveaux d’interaction avec le quartier, vers la culture, les échanges de savoirs tout au long de la vie, les loisirs…

L’arrivée des écoles de la CCI enrichirait le quartier d’une carte supplémentaire, avec la possibilité de réhabilitation de logements pour les étudiants.

Attention à ne pas surestimer l’impact de cette présence étudiante sur le site. Elle devrait faire partie des questions étudiées par la CCI et la Ville. Sinon, il pourrait naître des désillusions. Mais cette situation peut être transformée en une opportunité de mutualiser plus largement. Nous savons tous par exemple qu’un amphi dédié à l’enseignement ne fonctionne pas comme une salle de concert, ou un espace théâtral. Et si on demandait à une équipe de créateurs de relever ce défi d’une forme d’agora moderne, innovante et permettant des usages variés et citoyens ?