Les sujets de la circulation, des transports en commun et du stationnement sont intimement liés. Il n’est en effet pas possible de parler de mobilités douces sans réduire la place des automobiles, omniprésentes en milieu urbain. De plus, la Ville et la Métropole partagent des compétences qui les contraignent à des allers et retours pour aboutir à des réalisations communes.
Pour rappel :
- La Ville vient de transformer tout le centre-ville en zone 30.
- Émile-Roger Lombertie est signataire de la charte en faveur du vélo dans l’agglomération de Limoges portée par l’association Véli-Vélo.
- Le projet Marceau réinventé est un écoquartier, qui doit prendre en compte quatre dimensions : démarche et processus, cadre de vie et usages, développement territorial, environnement et climat.
Trois questions en suspens :
1/ La place Marceau doit-elle rester un parking ?
… Ou se transformer en espace de détente et de loisir comme celles de la Motte, de la République ou encore le parvis de la cathédrale ? Plébiscitée pour son marché hebdomadaire, la place n’est qu’un parking durant les jours ouvrés, à l’instar de la majorité des places des villes françaises jusqu’à il y a peu. Le projet prévoit l’aménagement d’un mail piéton et l’idée de construire un bâtiment a également été évoquée puis révoquée. A l’heure actuelle, la place sert également au marché hebdomadaire, aux rassemblements mensuels des Rétromobiles Limousines, aux regroupements des départs et arrivées des voyages collectifs en cars et à bon nombres d’enfants et adolescents pour débuter le vélo, la trottinette ou le skateboard.
Le sort du square quelque peu abandonné est-il tranché ? (Voir notre suggestion plus bas)
2/ L’écoquartier laissera-t-il la part belle aux voitures ?
Le projet prévoit la création d’une nouvelle rue, débouchant sur la place Marceau et sur celle du Chinchauvaud (au moins une maison a été achetée par la ville), la construction d’un parking silo (le second ayant été abandonné).
L’étude d’évaluation d’impact sur la santé (EIS) menée par l’observatoire régional de la santé de Nouvelle-Aquitaine sur le projet Marceau réinventé signale que « l’arrivée des nouveaux habitants, l’augmentation des activités tertiaires et l’attractivité du tiers-lieu vont accroître les flux de voitures au sein du quartier » et que « le dévoiement de la circulation autour de la place carrée augmente la circulation sur la rue Hoche et Martial Pradet ». Elle recommande de renouveler l’enquête stationnement à l’échelle du quartier pour mieux quantifier l’usage actuel et les besoins futurs et ainsi calibrer au plus juste les besoins de stationnement.
3/ La place Carnot sera-t-elle la grande oubliée du BHNS ?
Le projet de bus à haut niveau de service (BHNS) semble quelque peu à l’arrêt, reporté plusieurs fois et sus-planté dans le calendrier politique par les navettes électriques. Mais il devrait redémarrer rapidement, Limoges faisant partie des 162 villes retenues pour bénéficier de fonds de l’État pour la création ou l’amélioration des transports en commun. Sur quelle proposition ? Sur celle de la ville et de la métropole qui consiste à adopter le passage en double sens du BHNS, avec une voie de circulation automobile par la rue Armand Barbès, devant l’école Léon-Berland et un carrefour compliqué à six voies à l’angle de Barbès et Théodore Bac.
Pour rappel, la navette électrique qui a fait son apparition dans les rues limougeaudes n’est pas encore venue jusqu’à Carnot.
Nous avons également constaté sur la future carte des transports collectifs (carte interactive que nous a communiquée Limoges Métropole) qu’il n’y aurait plus de transports en commun dans la partie de l’avenue Garibaldi allant de la place Carnot au Cours Gay-Lussac. Pour cette voie pénétrante vers le centre-ville, passant devant le Centre Saint-Martial, cette nouveauté nous parait une aberration complète et nous demandons qu’elle soit corrigée.
Les suggestions mises en débat par le Collectif Marceau :
1/ Le bus à haut niveau de service (BHNS)
A contrario de la proposition de la ville et de la métropole en faveur du passage en deux voies montantes et descendantes du BHNS, plus une voie de circulation automobile par la rue Armand Barbès, nous proposons de faire passer le BHNS par la place Carnot avec un arrêt, par exemple en haut de la rue Théodore Bac (arrêt de la ligne 20 actuel) pour irriguer les halles et les avenues qui en partent et favoriser les correspondances avec la future ligne de trolley (cf plan du futur réseau).
Nous voulons souligner l’opposition de nos membres et sympathisants, ainsi que des parties prenantes de l’école Léon Berland, à un passage devant l’école, principalement pour des questions de sécurité. Attention à ne pas densifier la proximité immédiate de la caserne avec ses petites rues et carrefours accidentogènes, associés à l’augmentation de la population.
Par ailleurs, Limoges Métropole envisage un changement du sens de la circulation (voie montante au lieu de descendante) pour la rue Armand Barbès. Nous n’en comprenons pas la raison et nous demandons (aucune info à ce sujet) si cela signifie également un changement (voie descendante au lieu de montante) pour la rue Hoche. A défaut des embouteillages nombreux verront le jour place Carnot. Cette question toutefois ne se posera plus si le BHNS passe par la place Carnot.
2/ Les flux dans un lieu clos :
Comment traiter la question du lieu clos, d’un accès limité et sélectif que représente classiquement une
caserne ?
À Marceau, cette interrogation se trouve renforcée par la hauteur des murs d’enceinte (il devait être difficile d’y faire le mur !). Cette hauteur est imposée par les différences de niveau entre l’extérieur et l’intérieur de la caserne, notamment au nord et au sud. Nous proposons d’ouvrir en quasi-totalité sur la rue Armand Barbès et la place Marceau en conservant les deux pavillons d’entrée, et de créer une voie de liaison vers le quartier du Chinchauvaud à l’est, tout en pratiquant des ouvertures dans les murs au nord et au sud.
Il faut trouver l’équilibre entre deux extrêmes : un lieu clos qui favorise l’entre-soi et la gentrification et une voie d’intenses passages (sur-fréquentations entre la gare et Carnot). La solution pourrait passer par une voie douce pour piéton et vélo et une voie d’entrée-sortie automobile pour les seuls impliqués motorisés.
3/ Des aménagements :
Dans la dynamique de la zone 30 portée par la mairie, il convient de concevoir autour de la caserne un aménagement de l’espace dans lequel la priorité est donnée aux piétons et aux mobilités douces, notamment entre la voie ferrée, l’avenue du Général Leclerc et la caserne, en empêchant les voitures de couper par Armand Barbès entre Général Leclerc et Théodore Bac. Il faut développer les aménagements urbains et les espaces pacifiés favorisant la mixité des usages, notamment autour de l’école Léon Berland et la rue de Fontaury, lien vers le Grand Treuil et Chinchauvaud.
4/ Le stationnement :
Si la place des voitures doit à terme diminuer dans les rues de nos villes, se pose alors question du stationnement. Si des parkings sont créés sur le site de l’ancienne caserne et des places supprimées à l’extérieur, des compensations doivent être proposées aux actuels riverains impactés.
Nous pensons indispensable de mener une concertation sur le maintien du stationnement, en totalité ou non, sur la place Marceau. Rappelons que cette place est très utilisée en parking 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. La question doit être posée pour régler le besoin de places de stationnement dans le quartier tout en privilégiant le mail piéton qui va la traverser. Le compromis pourrait être dans la piétonnisation d’un centre de place végétalisé et le maintien de places de stationnement autour.
Concernant les halles Carnot, pourquoi laisser quelques places de stationnement juste à la gauche de l’entée (triangle entre les Halles, l’avenue Tarrade et la rue du Crucifix) ? Cet espace pourrait utilement accueillir des terrasses pour les bars/restaurants situés derrière les halles ou un espace dînatoire pour les clients des halles. La question se pose peut être aussi du maintien de la circulation de la petite rue derrière les halles (entre le bout de l’avenue Émile Labussière et l’avenue Tarrade) qui pourrait être beaucoup plus conviviale et profiterait ainsi aux commerçants des halles.
5/ Les liaisons :
Il convient de renforcer le lien entre le quartier et les parcs Victor Thuillat et Champ de Juillet par des itinéraires réservés aux mobilités douces. Le projet Marceau réinventé prévoit une piste cyclable à l’intérieur de la caserne mais rien n’est encore évoqué hors les murs. Les liens avec le Centre-Ville, le Centre Saint-Martial mais aussi le parc Beaublanc se posent également. Il est important d’anticiper l’avenir et tout cela conforterait l’idée d’une ville à la campagne.
L’atelier sur l’habitat et le logement conduit par notre collectif a révélé que l’absence de voie douce avec le campus de la Borie était un handicap pour le quartier. Nous suggérons de lancer une étude sur l’axe entre Général Leclerc et Albert Thomas, en parallèle de la voie ferrée (sauf lorsqu’elle est enterrée).