La caserne Marceau est un ancien site militaire de 4,3 hectares délaissé par le ministère de la Défense à la suite de la mise en œuvre du plan de restructuration de la Défense de 2008. Trois ans plus tard, la Ville de Limoges se porte acquéreur du site et formule un projet de reconversion pour rouvrir ce site sur le tissu urbain. Si la Ville prévoit de transformer à terme le site en écoquartier, elle s’interroge sur la manière de l’animer au plus vite et d’incarner l’image d’un quartier en réinvention.
Le site de la caserne Marceau représente une opportunité de développement. Stratégiquement situé, il bénéficie de nombreux atouts (proximité du centre-ville et de la gare, plus grand marché hebdomadaire de la ville, desserte en transports en commun…) mais souffre aussi de dysfonctionnements importants (dégradation de l’habitat, déclin de l’activité commerciale…). Quartier multiethnique, il s’inscrit dans un milieu urbain dense, à dominante résidentielle où sont recensées diverses activités commerciales qui s’articulent autour de la place Carnot.
Plus de 6 000 habitants vivent sur le quartier en 2014, soit près de 4,5 % de la population de Limoges. Le quartier comprend une part importante d’appartements (88 %, versus 72 % pour la ville), plutôt petits (73 %, contre 61 % pour la ville, comprennent entre 1 et 3 pièces). Il est à noter un nombre important de logements vacants (17 %). Ce quartier présente également un fort taux de chômage, au sens qu’en donne l’Insee (20,6 %), notamment parmi les 25-54 ans (21,4 % vs 17,6 % sur la ville).
Des atouts à valoriser
La localisation
Ancien quartier industriel de la ville, il occupe un emplacement privilégié à proximité du centre-ville. il se trouve bien repéré et identifié par la population de Limoges au carrefour de la « route de Paris » et de la direction Poitiers-Nantes. Il est reconnu pour ses anciennes demeures du patronat local et des gradés de l’armée, témoins de son histoire.
La richesse du quartier tient en quelques atouts forts : la proximité de la gare (une des plus belles gares de France), le marché Marceau (plus grand marché hebdomadaire de la Ville), les Halles Carnot (charmant bâtiment de bois et de verre) ou encore la distillerie du centre et son musée qui rappelle l’épopée des distilleries au début du siècle.
Son attractivité en matière de logements ne demande qu’à se renforcer. Si aujourd’hui les quartiers ouest sont les plus prisés des nouveaux acheteurs, la situation géographique du quartier reste un atout sérieux avec un prix moyen du m2 d’environ 1150 € seulement (source Observatoire de l’Immobilier).
Le quartier porte l’ambition de devenir très vite le petit frère du Centre-Ville, un deuxième pôle urbain pour la Ville et ses habitants.
L’histoire
Construite à partir de 1875, la caserne Marceau est un témoin visible de l’histoire de la Ville et du quartier (4,3 hectares dans le quartier Carnot-Marceau, au nord du centre-ville). Le quartier reste durablement influencé, dans sa morphologie et son architecture, par l’essor de la porcelaine de Limoges et de la chaussure. Dans cette dynamique, le quartier devint acteur de l’histoire ouvrière de la ville, voire de la France (naissance de la CGT le 23 septembre 1895). Ce fut l’essor du mouvement ouvrier, coopératif et solidaire.
La réhabilitation de la caserne mériterait de faire place à un musée sur l’histoire militaire et ouvrière du quartier et de la Ville, à destination des écoles, des habitants de la ville et des touristes. Cela participerait à l’amélioration de l’image du quartier.
Un tissu de vie
Le quartier Carnot-Marceau se montre bien vivant autour de nombreux acteurs (le marché, les Halles Carnot, le centre Saint-Martial, des grandes surfaces alimentaires, le parc Victor Thuillat, des petites entreprises, des agences immobilières, des banques et assurance, des restaurants, des commerces de proximité, des professionnels de la santé, des artistes divers…). On peut tout trouver sur place sans avoir à prendre sa voiture. De quoi attirer de nouveaux arrivants si l’on communique sur cette qualité de vie !
Il est à noter par ailleurs que la caserne offre un terrain de jeu de plus 4 hectares de libre à proximité immédiate de l’hyper centre, prêt à être utilisé à bon escient pour insuffler la dynamique dont le quartier, et par extension la ville, a besoin.
Ajoutons qu’un rendez-vous annuel comme la fête de quartier que nous proposons contribuerait à l’amélioration de son image tout autant qu’à celle de la mixité sociale et ethnique qui le compose.
Des manques à combler
La valorisation des atouts du quartier ne peut passer que par la résolution de manques à combler, à savoir :
Un habitat dégradé…
que l’on constate en divers points du quartier, tel le bas de l’avenue du Général Leclerc, jusqu’à y trouver des marchands de sommeil. Cette réalité se combine avec un fort taux de vacance : 17 %. Cela nécessite un plan d’aide à la rénovation des logements anciens (voire les opérations OPAH-RU, OPAH-RR, OPAH « classique » et PIG comportant un volet « habitat indigne »)
Des incivilités et trafics en croissance…
dont se plaignent beaucoup de riverains. Prostitution et trafic de drogue sont de plus en plus présents. Quelques points chauds en témoignent comme la rue Pétiniaud-Dubos ou le triangle Leclerc-Hoche-Gouffier de Lastours. Cette situation devient invivable pour nombre d’habitants et nécessite un effort conjoint du préfet, du procureur de la république, de la municipalité et des polices nationale et municipale pour y faire face. Une première piste de règlement serait peut-être une présence des forces de police plus affichée sur le terrain. Sans doute cela ne réglerait pas tout mais ce serait un premier pas.
Une absence de lieux de culture…
(hormis la Maison de la Musique), un moyen pourtant très efficace pour participer à l’image du quartier, à son attractivité, tout autant qu’à la contribution active vers une mixité sociale apaisée. La réhabilitation de l’ancienne caserne devrait y apporter une solution.
Un manque d’espaces verts…
(mis à part le parc Victor Thuillat au nord ou le champ de Juillet au sud du quartier) est fortement cité dans notre enquête auprès de nos membres et sympathisants fin 2020.
Le manque d’une Antenne de Mairie…
dont l’emplacement ne serait pas nécessairement dans l’enceinte de l’ex caserne mais plutôt vers le secteur Avenue du Général Leclerc-rue Hoche (par exemple vers la Poste)
On peut observer tout à la fois un fort sentiment d’appartenance des résidents à leur quartier en même temps qu’une certaine fierté d’en être. Pour autant, ce dernier trait a ses fragilités qu’à sa manière une réhabilitation judicieuse pourrait avec le temps tempérer.