Rencontre avec la CCI du 12 mai 2021

Chambre de commerce et d'industrie de la Haute-Vienne

Le mercredi 12 mai 2021, la rencontre avec les responsables de la chambre de commerce et d’industrie, Pierre Massy, président depuis novembre 2016 et Jean-Claude Martins-Aires, directeur général clôt notre cycle d’entretiens avec les personnes clés du projet Marceau. Écoute respectueuse, souci de transparence sont au menu du jour, permettant ainsi une information détaillée et précise.

Un peu d’histoire récente

La  situation des structures de formation liées à la CCI pose plusieurs questions :

  • d’abord par la dispersion, entre l’école d’ingénieurs 3IL, rue Sainte-Anne rive gauche et deux autres écoles en zone nord, rue Lebon,
  • ensuite par l’inadaptation des locaux, aucun amphi dans ces deux sites, (celui de la place Jourdan, siège de la CCI, dépanne), des espaces trop cloisonnés, une certaine vétusté, malgré une acquisition récente de Lebon, en 2013.
  • des places à gagner dans la compétition entre les écoles : le titre d’ingénieur de 3IL est soumis à validation périodique par la commission du titre d’ingénieur (CTI). Ce positionnement est également présent dans l’esprit des étudiants et des enseignants par les classements opérés par différents structures et médias. Ces classements sont fortement intégrés par les étudiants dès la fin des études secondaires, et la hiérarchie se manifeste bien avant l’intégration des écoles, par l’inscription selon des groupes de concours communs.

La CCI est ainsi dans un contexte où il faut gagner des « parts d’attractivité » et monter « en gamme » dans la hiérarchie des réputations.

En 2019, le directeur général de la CCI, Jean-Claude Martins – Aires, a l’idée d’un regroupement et d’une installation des cinq écoles de la CCI sur l’espace caserne de Marceau. Le projet n’apparaît pas lors des portes ouvertes et des réunions participatives municipales de juin-juillet 2019. Il est révélé en décembre 2019, par le Maire, qui s’y montre très favorable.

Les écoles

3IL,  école d’ingénieur  (Institut d’ingénierie informatique de Limoges)

Directrice Dominique Baillargat, professeure en fac de sciences) est gérée par une association en lien avec la CCI. Plus de 500 étudiant-e-s principalement d’origine locale et régionale, avec également des recrutements internationaux (Cameroun). 40 % d’entre eux sont en alternance et les femmes représentent 15 % de l’effectif. A Rodez, existe une formation de même type, sous la même « enseigne », avec laquelle 3IL est partenaire.

La CCI de Limoges et de la Haute-Vienne gère par ailleurs directement, comme des services de la chambre consulaire, des écoles professionnelles supérieures ouvertes aux jeunes, aux salariés en formation continue, VAE, alternance, à temps plein ou à temps partiel.

Il s’agit notamment de :

L’ESCS, école supérieure de commerce et des services

Gestionnaire d’unité commerciale option distribution / activités bancaires / conseiller assistance client / assistant(e) commercial(e) / manager de la distribution  au recrutement principalement régional

L’ISIH, institut supérieur de l’immobilier et de l’habitat

Négociateur gestionnaire immobilier, Management et Promotion de Patrimoine Immobilier : le recrutement est plus large que les originaires de la seule région, compte tenu de la réputation de la formation. Implantée rue Lebon, comme l’ESCS, elles forment le « campus consulaire » et accueillent au total 300 étudiants, dont plus des deux tiers en alternance.

L’ISFOGEP, institut supérieur de formation à la gestion du personnel

Formations d’un an en gestion du personnel et ressources humaines. Promotion d’environ 80 étudiants.

L’ESSEL, école supérieure de la sécurité et de l’environnement

Animateurs et coordinateurs de sécurité et de prévention des risques professionnels et environnementaux. Promotion de 20 à 25 étudiants.

En somme, le projet de transfert concerne deux sites et cinq écoles pour un total d’environ 1 000 étudiants dont 400 en alternance ou stage de longue durée. Ces étudiants alternants sont hors Limoges deux jours au moins en moyenne par semaine. L’effectif total est appelé à se développer selon nos interlocuteurs. Il leur faut donc envisager ce développement à moyen et long terme à partir de la situation d’aujourd’hui et concevoir les structures d’accueil avec cette perspective en tête.

L’installation à Marceau doit répondre à trois vœux :

  • Regroupement et montée qualitative, d’un côté
  • Meilleure image et attractivité, de l’autre
  • Recentrement – intégration des étudiants et des formations au cœur de la ville–centre, enfin.

Premières démarches

La CCI s’engage dans l’analyse de ses besoins, puis décide de demander à une agence d’architectes travaillant déjà pour la Ville, au titre de « Marceau réinventé », Cap Urbain (Nantes), de présenter des esquisses des futurs bâtiments de formation.Deux projets sont présentés :

  • Premier projet : trois bâtiments indépendants reliés par des passerelles côté rue d’Argenton. N’étant pas convaincant pour nos interlocuteurs, ce projet est retoqué.
  • Second projet : la fameuse arche, qui laisse libre la perspective Garibaldi – Bâtiment de l’Horloge, mais se révèle trop coûteuse eu égard à l’enveloppe de la CCI (stabilisée autour de 20 millions euros). A son tour, elle est abandonnée.

En retour, la CCI reçoit de l’Architecte des Bâtiments de France trois impératifs à respecter dans les constructions à venir: 

  1. Conserver la perspective Avenue Garibaldi – Bâtiment de l’horloge. Faire qu’elle reste dégagée, visible et « lisible » aux regards.
  2. Ne pas dépasser la hauteur des B24 et B25.
  3. Aligner strictement les nouvelles constructions sur les façades B. 24 et B. 25 sans aucun débord sur le mail.

La CCI se concentre désormais sur la faisabilité financière du projet, au cours d’études qui se poursuivent à ce jour et impliquent notamment la Caisse des Dépôts et des Consignations, le programme gouvernemental « Cœur de ville », les crédits de la relance et les dispositifs Denormandie. Elle intègre également le réemploi des produits de la vente de la rue Lebon (coût de l’achat + premiers aménagements = autour de 2,9 millions d’euros en 2013).

Calendrier

Quant au calendrier, il est actuellement marqué / arrêté par les élections  régionales  et départementales de juin 2021 : mécaniquement (et idéologiquement) on le sait, ces dernières réorientent les intérêts de nos élus. En outre viendront quelques mois après, à l’automne, celles de la Chambre consulaire elle-même.

  • Premier temps : un rendu des experts financiers, attendu pour le mois de novembre
  • Second temps : l’entrée en lice de cabinets d’urbanisme et d’architecte, des ingénieurs et, à la suite, de la valse des promoteurs immobiliers
  • troisième temps : un démarrage des travaux et du chantier, sans doute en 2025.

Pour finir, nous soulignons trois points :

  • Outre la formation proprement dite, qu’en sera-t-il de l’aspect para-universitaire ou péri-universitaire, cette installation une fois décidée, à savoir : un Centre documentaire, un foyer étudiant, un Restau U… ?
    Pour nos interlocuteurs, le Centre documentaire est indispensable ! Le Foyer sans doute aussi ! Mais le RestauU, non ! Le quartier offre ce qu’il faut dans ce domaine : « les jeunes sont aujourd’hui autonomes, ils ont leur propre véhicule, ils savent s’organiser ! Le quartier abonde en lieux de restauration ».
  • L’apport de ce projet au plan urbain « Marceau réinventé » est que la formation post-bac devient un marqueur essentiel de la réhabilitation de la caserne. A côté des logements, des maisons-jardins et du parking-silo qui y seront construits, le projet de la CCI offre la possibilité (peut-être la probabilité) d’autres usages qualitatifs de l’espace : les modes d’interaction avec le quartier ne devront pas se cantonner aux seuls rapports de voisinage, mais, soutenus par les activités du Tiers-Lieu et des cinq écoles CCI, ils devront s’ouvrir en même temps à la culture, à l’étude, aux services à la personne, aux loisirs collectifs, peut-être aux rencontres festives collectives…
    Ne doit-on pas se réjouir de cet investissement au service de la formation et de sa traduction en termes d’aménagement du territoire urbain, et même national ?
  • Enfin, la consultation faite par notre association auprès de nos inscrits  (fin 2020 – début 2021) confirme l’adhésion à cette direction, et, sans doute, son bien-fondé. D’elle, en effet, se dégage nettement l’a priori favorable  à la présence « studieuse » d’étudiants dans la caserne et à leur vie dans le quartier (66 % d’opinions favorables).